Carnet de bord

Hase et hasard

Lièvre d'Europe (Lepus europaeus), hase

Quel est ce bruit ?

Lorsque je ne sors pas durant une longue période, mes retours à la nature sont toujours teintés d’un mélange d’excitation et d’appréhension. Excitation d’une part, car j’ai presque toujours un plan en tête élaboré pendant que je rongeais mon frein et que j’ai hâte de voir ce que cela va donner concrètement, appréhension enfin, car délaisser la nature ne serait-ce que quelques jours n’est jamais sans conséquence et qu’il est fréquent que certaines espèces modifient notablement leurs habitudes en peu de temps. Exception faite bien entendu des activités humaines, ce postulat gagne en vérité lorsqu’un épisode météorologique inhabituel se déclare et modifie alors temporairement les habitudes généralement observées.

De manière peut-être moins évidente que durant la période hivernale, les périodes estivales caniculaires sont par exemple pour la plupart des mammifères une importante source de stress. La plupart des espèces étant dans l’incapacité de transpirer afin d’abaisser leur température corporelle comme nous le faisons, moins efficacement lorsqu’elles en sont capables, leurs activités deviennent alors essentiellement nocturnes, quand le jour sera lui consacré à la quête d’une zone calme de repos sous couvert. Il est alors peu utile de préciser qu’un dérangement dans ces moments là, durant les pics de fortes chaleurs, peut se solder par une mise en danger des sujets, et hormis l’hiver, la période estivale est celle qui compte le plus de pertes parmi les sujets jeunes ou âgés, et fragilise également quelques sujets pourtant dans la force de l’âge. Un constat qui ne devrait pas vous surprendre puisqu’il s’étend tout aussi simplement à l’homme.

Cela faisait donc une quinzaine de jours que pour diverses raisons je n’avais pas pu sortir, et autant de jours durant lesquels les températures n’avaient cessé de tutoyer des sommets sans qu’une goutte d’eau ne vienne rafraîchir l’atmosphère. J’avais bien planifié un petit quelque chose pour ce retour dans la verte (pour le coup un peu roussie sous les assauts solaires), mais pour les raisons évoquées plus haut, j’allais finalement opter pour une reprise faite d’observations, et d’images si les sujets s’approchaient car je n’en ferais rien moi-même. En dépit d’un plan d’action très raisonnable, donc, ma joie n’était pas feinte lorsque j’ai commencé Lundi mon ascension vers mon plateau de jeux, celle qui tout simplement me faisait retrouver mes chemins de traverses et les quelques habitués qui les animent.

Une demi-heure et 450m de dénivelé plus tard, j’approche en sous bois aussi silencieusement que possible un premier spot potentiel afin de me placer sous un chêne, en lisière d’une vaste étendue de champs qui s’ouvrent en cuvette, offrant ainsi un horizon dégagé de ce qui pourrait s’y passer. Il est environ 5h30 dans une pénombre encore assez épaisse, et mon appareil dort toujours dans mon sac, quand un brocard s’approche au petit trot de moi, regard en alerte. Je ne suis qu’à quelques mètres du chêne, mais de toute évidence repéré, je n’ai que le temps de m’accroupir au milieu des ronces afin de ne laisser que mon buste apparent : ce qui avec un sac à dos donne une silhouette plutôt difficilement identifiable, et finalement un camouflage plus efficace qu’il n’y paraît. J’ai également une cagoule en filet sur la tête, et des manches longues.

A-t-il entendu craquer cette branchette sur laquelle je venais de marcher par inadvertance ? En période de rut, a-t-il aperçu un mouvement et m’a-t-il confondu avec un rival ?

Il reste planté là, à une dizaine de mètres de moi, scrutant dans ma direction. Mon cœur bat la chamade, il me voit, j’en suis certain, je souris pourtant comme un enfant de cette rencontre. Fier et puissant, ce brocard ne comprend pourtant plus la situation à laquelle il se trouve confronté. Il était venu obtenir un visuel, mais il ne comprend pas ce qu’il voit et ceci alimente son stress. Petit à petit, je le sens de moins en moins sûr de lui et désormais prêt à déguerpir. Je ne suis alors certain que de deux choses : il me voit mais ne m’a pas identifié, et il partira à coup sûr d’ici peu de temps car c’est ce que lui hurle son instinct de survie face à un mouvement qui soudain cesse – comportement d’immobilité que tout prédateur adopterait face à une proie qui l’observe de trop loin pour qu’il puisse l’attaquer à coup sûr. Je décide donc d’utiliser son indécision pour tenter de le calmer en lui parlant doucement et calmement. Cela peut paraître étrange, mais lorsque vous êtes cachés/dissimulés/camouflés et qu’un animal sait qu’il a vu quelque chose (ce chevreuil s’est dirigé droit sur moi, il me voit mais pourtant ne fuit pas, sa présence ne tient donc plus qu’à la curiosité que je représente parmi les éventualités d’un danger potentiel), le fait de ne plus bouger alimente son stress car il ne comprend pas l’énigme à laquelle il est confronté. Mais je ne peux néanmoins pas bouger sans qu’il n’identifie ma nature humaine. Qu’il s’agisse d’un sujet curieux ou farouche, vous obtiendrez alors toujours la même réponse, à savoir, une fuite éperdue lorsque son stress aura débordé sa curiosité. Ce que son instinct de survie ne tardera pas à provoquer.
Parler doucement (disposer d’une voie grave doit aider), à contrario, lui permet de comprendre partiellement la situation, ce qui est moins stressant pour lui. À savoir ici qu’il a bel et bien vu quelque chose qui est toujours là, qu’il ne sait pas ce que c’est, mais que ce quelque chose fait du bruit et n’est donc probablement pas dangereux.
Ne vous attendez pourtant pas à le voir se désintéresser de vous à un stade aussi avancé de stress, mais aussi surprenant que ce soit, l’effet sera dans la très grande majorité des cas un contournement simple du « problème » et un minimum de stress à la clé. C’est ce que je souhaitais, et c’est précisément ce que fit ce brocard en rentrant en sous bois une dizaine de mètres seulement en contrebas de moi après m’avoir contourné sans jamais bondir (ni quitter des yeux) pendant que je continuais de lui parler doucement : arrêter de parler une fois que le stratagème a fonctionné serait une grossière erreur et raviverait immédiatement une crainte qui entraînerait une fuite immédiate… et aboyante : « Bah ! Bahbahbah bah baaaaaaah !… ».

Est-ce à 100% efficace ? Non. Et ça ne marche pas avec toutes les espèces, mais plutôt très bien avec les cervidés.

Puisque je l’avais en visuel une fois celui-ci en sous bois, je l’ai laissé s’éloigner avant de reprendre mon ascension : ce qui lui aura pris tout de même 5 bonnes minutes , et autant pour moi de monologue car il sera resté un moment derrière un buisson à regarder dans ma direction, avant de partir finalement, tranquillement.

Ma récompense ne tarda pas puisque 100m plus loin (!), j’ai pu observer les dernières minutes de chasse d’un renard que je n’aurais pu voir si le chevreuil avait aboyé : les renards étant très attentifs aux alertes des autres usagers des lieux ! Toujours pas d’images puisqu’il n’a pas pris la voie que je pensais qu’il prendrait pour retourner en sous bois avant que le soleil n’écrase la place… mais observer simplement et dans de bonnes conditions un renard dans ma région est une joie qui commence hélas à se fait de plus en plus rare et que je ne boude pas !

Mon goupil parti, j’engage alors une course avec le soleil levant afin de rejoindre le haut du plateau avant qu’il ne perce à travers les derniers remparts forestiers. Une colline toute proche m’aidera dans ma tâche, et c’est tout à ma hâte teintée de grande prudence que j’aperçois quelques mètres devant moi dans le regain un lièvre qui se révélera être une hase, en train de se sustenter en bordure d’un champ de céréales. Comme je pense fortement qu’il va emprunter ma voie pour retourner vers son gîte que je soupçonne se dissimuler dans l’une des multiples friches non loin de là formées durant la tempête 99, je décide de m’enfiler dans le bosquet de fougères sur ma droite, pour attendre que ce lièvre ne s’approche éventuellement de lui-même. Éventuellement, car il peut tout aussi bien partir en restant dans le regain, ou en se glissant dans les céréales !

Un premier bond dans la bonne direction, la mienne !, me conforte dans mon hypothèse. Le soleil ne tardera plus, et avec lui la fournaise qui émergera ne me laissera bientôt plus d’autres sujets à photographier. Ma chance est là, devant moi, je l’attends.

Cacher derrière une motte, je ne le vois plus, mais il va se rapprocher, j’en suis sûr. Le soleil nage désormais sur les plus hautes cimes, et mon lièvre se décide à se réfugier sous couvert avant de cuire… Tout va très vite, j’aurais espérer qu’il se rapproche lentement pour l’habituer au bruit de déclenchement, mais je n’en aurai pas le temps. Une photo au trot, et le voilà qui stoppe, intrigué. Quelques autres et il se redresse, c’est alors que je m’aperçois que « il » est une hase et qu’elle est en train de porter… une dernière, et je la laisse filer. Et cela sonnera la fin de ma journée photographique, puisque la lumière dure qui a suivi ne pas vraiment permis de glisser vers la macro tel que je le prévoyais… d’autant que cette dernière quinzaine a tout grillé et que les survivants sont rares : il n’y a pas que les mammifères et les photographes qui souffrent de la chaleur !

D’or et d’aurore

zygène de la spirée, zygaena filipendula

Ô temps, suspends ton (en)vol

Cette année, les insectes foisonnent dans les friches, et cela contraste avec l’année précédente qui a été d’une pauvreté jamais observée en terme micro-faunistique, que ce soit par moi, ou par d’autres si l’on suit  l’écho des fora. Après une année « sans », les populations restent bien entendu (très) fragiles, et il faudra encore quelques années « de mieux » pour qu’elles retrouvent leur abondance passée… mais j’accueille pour ma part ce regain de forme avec un sourire tant l’année dernière m’avait alarmée par bien des points. Comme il m’est toutefois encore impossible de dire si cette observation est un phénomène local ou s’il peut être généralisé, recevez donc ce cri de joie, et du cœur, avec quelques précautions qui ne pourront être levées que si cette amélioration se voulait globale afin de perdurer. Cette profusion m’a en tout cas inspiré un petit travail en macro.

À propos, la macro et moi, c’est un peu comme une longue histoire d’amour complexe, une suite d’attirances et de répulsions qui rythment ma pratique ainsi, tour à tour, prolifique ou désertique. J’ai fait de la macro bien avant de me lancer dans la photo de mammifères, et je ne cerne pas toujours très bien ce qui entrave parfois ce type d’images chez moi, mais j’accueille toujours avec joie les phases où je puis à nouveau mettre en images cette vie qui n’a de micro que le nom puisque de sa bonne santé dépendent bien souvent tous les échelons d’un biotope.

Pas d’enjeux aussi importants que l’équilibre d’un biotope dans ma contribution du jour, toutefois, qui se veut bien plus légère et s’intéressera plus à la mise en esthétisme de deux espèces estivales plutôt faciles à rencontrer dans nos contrées, plutôt qu’aux mécanismes qui régissent leur santé.

Ce petit extrait fait écho à l’article : Dans les friches,… ou presque ! ; et met en scène Zygènes de la filipendule et Demi-deuils dans les lumières de l’aurore. À défaut de rosée du fait de précipitations absentes ces dernières semaines, j’ai travaillé avec un objectif macro de 150mm, à contre jour pour essayer de retranscrire au mieux les ambiances dorées et saturées propre à l’aurore, avant que la lumière ne durcisse trop, ce qui ne laisse hélas qu’une maigre fenêtre de travail en ce moment.

Les papillons Demi-deuils étant les plus prompts à se mettre en mouvement, en particulier lorsque les conditions sont sèches, c’est en leur compagnie que j’ai commencé ma séance, même si je ne suis pas parvenu à trouver un fond à ma convenance lors de cette séance du fait d’un faible nombre de sujets : ils étaient pourtant nombreux à papillonner lorsque l’air s’est réchauffé, à moi donc de mieux les débusquer !

C’était ensuite au tour des Zygènes de la filipendule d’attirer mon objectif. Ils ont l’avantage d’être assez calmes, et la stabilité de leur vol me laisse même quelques espoirs d’en saisir en vol, quoique je bute pour le moment sur l’esthétisme de la composition, ne travaillant pas avec un piège photographique !

Coup de chaleur

La saison estivale qui sonne pour certains le rush de leur pratique photographique, vacances aidant, est pour moi à l’inverse plutôt synonyme de ralentissement pour la partie photographie animalière. La faune est en effet durant les périodes de fortes chaleurs en souffrance, et je m’efforce donc à ne pas rajouter un stress supplémentaire, toujours possible en dépit des précautions, durant leurs activités essentiellement nocturnes lors des phases de grosses chaleurs. Les nuits étant courtes, je me contente le plus souvent d’observations volontairement lointaines. Mais la photographie animalière est également faite d’opportunités, et lorsqu’une d’entre elles se présente réunissant des conditions propices à une prise d’images avec un minimum de risques de déranger la faune, alors je la saisis, ce qui peut parfois être cocasse… comme cette petite aventure que vous auriez pu lire en début de semaine, voire la semaine dernière, si j’avais été mieux organisé… !

Le soleil allait se lever et je cherchais des papillons dans une friche pour une séance macro à contre jour lorsqu’un brocard s’est présenté dans un champ attenant qui repoussait en regain. Ayant la possibilité de l’approcher assez facilement à bon vent en rampant le long d’un champ de blé voisin, je monte mon téléobjectif à la hâte, franchis les quelques mètres qui me séparent du champ de blé à la faveur de quelques buissons, et entreprends ma lente et longue progression sur un sol rocailleux à la végétation maigre. Quelques quinze minutes plus tard, je dois me situer à mi chemin environ selon mes estimations lorsque je décide de faire un point. Je jumelle attentivement à la surface des graminées pour finalement m’apercevoir que lui de son côté s’est également rapproché. La position n’est pas parfaite, mais je décide de rester là, et je m’installe donc en m’efforçant de positionner le trépied afin que la vue affleure les graminées. Il me faudra un peu de chance pour qu’il se déroule quelque chose dans cette fenêtre improvisée dans laquelle dansent les graminées battues par un vent soutenu, mais c’est la seule solution pour ne pas être vu.

Brocard, Capreolus capreolus

Dans les graminées

Mise au point manuelle obligatoire dans cette végétation, et quelques clichés à travers les herbes (et pour tout dire trop d’herbes) ne me convainquent guère de la pertinence de cette attente, mais le brocard, suivant son appétit, s’est énormément rapproché, et je ne peux maintenant plus repartir sans risquer de le déranger. J’attends donc. Je perds facilement sa vue dans les herbes hautes, et ce sont souvent une paire de bois mouvants dans les graminées qui m’indiquent sa présence.  Dans une position très inconfortable, je souhaite déplacer d’un rien ma jambe qui, endormie, commence à fourmiller… le drame fut proche car un peu trop de bruit a attiré son attention, et je n’ai pas été très loin d’être découvert avant qu’il ne s’intéresse de nouveau à ce qu’il allait manger.

Brocard, Capreolus capreolus

Soupçons

Brocard, Capreolus capreolus

Désintérêt

Cela fait une trentaine de minutes que je suis installé, inconfortablement, et dix minutes à peine qu’il est assez proche pour prendre des images au travers ce que je qualifie désormais de « fichu rideau de graminées », mais je finis par perdre sa trace… littéralement. Voilà maintenant plusieurs dizaines de minutes que je ne le vois plus et je commence à me demander s’il ne s’est pas finalement carapater après cette alerte, mais comme la surface de ce champ est assez complexe, je pense qu’il longe maintenant une petite dépression sur ma droite, là où l’herbe est la plus haute. J’attends donc une bonne heure avant de réellement m’inquiéter. Je scrute les herbes avec mes jumelles quand un mouvement de celles-ci à ma droite me semble suspect. Et il faut une bonne minute supplémentaire avant qu’une bourrasque un peu plus forte ne dévoile mon sujet, tranquillement installé dans un petit talus, ne laissant voir que ses bois dans les graminées ! Il est vraiment tout près, et je ne peux rien faire qu’attendre que la chaleur ne le déloge. Il est 9h et l’attente commence en plein cagnard, et 10h lorsqu’au comble de l’ennui je décide d’immortaliser ses bois dans le regain !

Brocard, capreolus capreolus

Cache cache, voyez vous le brocard ?

Je commençais vraiment à me dire que ce brocard ne partirait jamais de sa cachette et je me maudissais d’avoir laissé mon sac et la boisson qu’il contenait quelque part dans les friches où les papillons devaient maintenant virevolter par centaines. J’avais très soif, et je supportais de moins en moins un soleil qui ne cessait de faire monter la température.
« Mais quand diable ce brocard se déciderait-t-il à bouger ses fesses de là !? »
Avec cette chaleur, cela aurait dû être le cas depuis un moment, mais ses bois qui disparaissaient de temps à autres ne laissaient aucun doute sur la situation… il faisait une petite sieste, ayant sans doute trouvé assez de fraîcheur là où il se trouvait ! Je brûlais littéralement de mon côté, ne trouvant que trop peu d’écran dans les graminées.

Allais-je mourir de déshydratation ? (question désuette à la lumière de cet article, mais légitime à ce moment là ! ;o) )

Non, (donc), et mon salut allait finalement venir d’une voiture qui passera sur le plateau et qui me laissera apercevoir un comportement que je ne soupçonnais pas.
Alors que je pensais que le brocard allait s’enfuir dès que le véhicule passerait à environ une vingtaine de mètres de lui, il n’en fit rien, et attendit au contraire que la voiture quitte le plateau pour quitter sa position… ce qui ma foi est plutôt malin ! Il devait se sentir en sécurité ainsi couché dans les herbes, et nul doute qu’il aurait fui comme je l’avais imaginé s’il avait été en train de pâturer. Belle adaptabilité à une situation sans doute commune pour lui, mais plutôt rare à observer : en tout cas c’était pour moi une première.

Première aussi pour la petite déshydratation et le coup de chaleur qui ont suivis après avoir terminé ma matinée du côté des papillons dans une lumière pourtant bien trop dure et une chaleur de four, avant que je ne décide de rentrer à l’ombre !

Dans les friches,… ou presque !

phalangère rameuse,anthericum ramosum L.

Phalangère rameuse

Avec le retour du beau temps et l’aide des activités agricoles (en séances de rattrapage, c’est de saison), j’ai depuis une semaine tout naturellement organisé mes sorties animalières autour du renard, espérant ainsi bénéficier des fauches tout comme les renards ne manqueraient pas de le faire. J’ai en tête depuis quelques années maintenant un lieu, et comme souvent une image associée, en l’occurrence ici d’un goupil effectuant une prodigieuse extension avec le soleil se levant derrière lui. Pour le moment, en quelques mots comme en mille, vous le savez déjà si vous avez regardez les images avant de lire ce texte, je n’y suis pas parvenu ! Pis, je n’ai guère vu de renards depuis la semaine dernière, et cela s’explique très simplement par la profusion, soudaine, de surfaces fauchées qui, en une semaine, ont fourni autant de lieux potentiels de nourrissage à Maître Renard… sans que celui-ci ait beaucoup d’efforts à fournir, disons le tout net. Je suis donc partagé depuis une semaine entre une petite forme de frustration grandissante (chouette, ça attise les envies !), et la joie de savoir que eux baignent dans l’abondance !

Le vent finira bien par tourner, et la chance se provoquera en étant présent lorsque de meilleures conditions seront réunies. L’avantage de surfaces rases – au détriment de la qualité esthétique – est qu’elles permettent de juger rapidement des chances d’approcher ou de voir approcher les renards, de limiter donc au maximum un dérangement de l’animal, ou des animaux chassant dans tel champs, ou sur tel plateau. Cela permet aussi de passer à autre chose le cas échéant, afin de ne pas passer trop de temps dans une séance d’affût longue, et pourtant inutile. D’autant qu’à la chaleur estivale, les renards optent en ce moment lorsqu’ils le peuvent pour une chasse nocturne, à la fraîche, ce que précisément ce fauchage massif leur permet de faire !

De mes ascensions aux aurores en me rendant aux renards, je retiens surtout ces derniers jours une rencontre émouvante avec des marcassins. Ceux-ci ne m’ont pas laissés le temps de les prendre en images lorsqu’ils batifolaient sur un des chemins forestiers que j’emprunte… mais j’ai tout de même eu la chance quelques minutes plus tard de retrouver une troupe de laies, fouillant méticuleusement dans la rosée une herbe en fraîche repousse, sans doute à la recherche de vers, de limaces ou d’escargots ! Ce n’est qu’en classant mes photos, tranquillement devant mon ordinateur, que je me suis aperçu de deux petits qui, à peine plus hauts que les herbes environnantes, laissaient entrevoir leurs dos à peine affleurants !

Je retiens également quelques images en macro d’une friche qui n’est plus entretenue et mériterait sans aucun doute que j’y passe plus de temps en lui laissant la priorité matinale afin de bénéficier de la rosée et d’une lumière plus douce !
La phalangère rameuse qui ouvre ce billet est une des espèces florales à s’y développer, ainsi que quelques fleurs d’arnica, qui n’avaient hélas pas supportées les refroidissement d’il y a une quinzaine de jour, des marguerites, et parmi d’autres, un vaillant rosier sauvage de 4 ou 5 mètres de haut !

Divers insectes y trouvent leur bonheur, et les quelques spécimens animaux ou végétaux que je partage ici ne sont qu’un petit échantillon de ses représentants, avec lesquels j’espère passer plus de temps ces jours prochains, et si possible avec moins de vent ! La place semble surtout riche en abeilles et papillons, dont zygènes et demi-deuils.

La flamme rousse brille de nouveau

renard, vulpes vulpes

Aux aurores

Il est des rencontres qui vous laissent un sourire quelques secondes, plusieurs minutes, ou de multiples heures, mais celles avec le renard sont de celles qui l’impriment plusieurs jours durant.

renard, vulpes vulpes

Mulotage

S’agissant depuis mes problèmes de dos de ma première opportunité réunissant à la fois observations et placement propice à la prise de vues, cette rencontre porte – pour moi – définitivement en elle cette saveur particulière qui, de retrouvailles, se double d’un sentiment d’avoir en quelques sortes retrouvé ma place de sauvageon parmi les sauvages.

Après le plaisir retrouvé, parlons maintenant de ce qui fait mal, ou de ce qui fâche.

Premier bémol, je n’ai au court de mes observations pas encore aperçu de renardeaux, sans doute du fait de, trop, nombreux travaux forestiers. Sans vouloir révolutionner quoi que ce soit, je pense, j’espère, tout de même qu’il sera un jour possible de raisonner les interventions humaines sur les milieux naturels plutôt que d’assister comme en ce moment sur mon secteur à une véritable stérilisation programmée de plusieurs centaines d’hectares de forêts. Je ne sais pas ce qu’il restera quand ils en auront fini, le pire est hélas à venir avec des coupes drastiques en vue, mais les cerfs ont d’ors et déjà changé de secteur alors qu’ils étaient une population fragile en voie de réimplantation sur ma commune… et je ne trouve plus de traces de chats sauvages dans leurs secteurs habituels.

Il me faudra donc sans doute moi-aussi quitter prochainement ces lieux afin d’en trouver d’autres, plus épargnés.

Ulcération, pour conclure, contre la bêtise crasse de cons qui ne trouvent rien de mieux à faire que de boucher les terriers de renards et/ou blaireaux. J’avais pris mon parti depuis plusieurs années de désobstruer les galeries qui avaient été fermées par des pierres et autres souches, mais cette année atteint un record en la matière puisqu’il ne se passe quasiment plus une sortie sans que j’ai à désencombrer une ou plusieurs galeries ! Certes, mon terrain de jeu est plus vaste qu’il ne l’était, mais cette recrudescence des assauts envers ces deux espèces ne fait que montrer à quel point, hélas, le travail de dialogue voué à réhabiliter ces espèces ne trouvera peut-être jamais de solution !

Cela ne sert pas à grand chose de l’écrire ici tant je doute que les individus concernés trouvent un quelconque plaisir à lire mes lignes, mais il va sans dire que si je tombe un jour sur ce genre de spécimens, leurs portraits serrés iront rejoindre les bureaux d’autorités « compétentes ».

Long time no see

Lièvre d'Europe

Dans les starting blocks

Bonjour à tous,
Votre serviteur se remet doucement d’un Lumbago ce qui explique le manque d’activité sur RvB Images au cours de ces dernières semaines.

J’espère que vous pouvez profiter du beau temps plus que je n’ai plus le faire depuis que celui-ci est revenu, mais puisque mon dos va mieux, ce site va bientôt retrouver un rythme plus soutenu ! On ne choisit évidemment pas quand ce genre de pépin survient, mais suivant la loi de Murphy (suivant donc la théorie de l’emmerdement maximum), je peux effectivement dire que cette coupure est arrivée à un moment peu propice de la saison qui influera forcément sur la teneur de mon programme.
Pour ne citer qu’eux, les renardeaux gambadent depuis un moment et si j’espère tout de même en « rattraper » quelques uns, il est probable que mes projets d’images au terrier soient eux fortement compromis cette année.

À propos de rythme brisé (le sens de la dramaturgie est à prendre ici non sans humour), après quelques mois d’existence de ce site, j’arrive à la conclusion que celui d’une mise à jour par semaine ne convient pas vraiment à celui-ci et je vais donc le modifier pour l’accélérer ou le ralentir, au besoin, afin de mieux coller à mon activité ou à celle de mes sujets. Cela ne sera pas le seul changement, mais vous verrez ces retouches se mettre en place progressivement dans les mois à venir, avec ou sans annonce, et je compte donc sur vous pour me rapporter d’éventuels dysfonctionnements si vous en rencontriez ! Je me contente d’espérer évidemment de mon côté que tout se passera pour le mieux, ou avec le moins d’incidences visibles ! 😉

Entre Hiver et Printemps !

Entre Hiver et Printemps

Lendemain de pluie

Je clamais il y a quelques semaines un réveil printanier, mais c’était à l’évidence précipité (!)

Je ne sais pas pour vous, mais ici, il pleut, il pleut, il pleut. Et lorsque la pluie s’absente, c’est pour revenir de plus belle moins de 24 heures plus tard. Contraste saisissant dans cette grisaille quasi perpétuelle, il suffit que le soleil perce ne serait-ce que quelques instants pour que la lumière devienne folle, absolument ahurissante. Et l’on regrette ensuite que ces petits instants d’incandescence ne soient survenus que durant 2 jours, en cumulé !!, ces quinze derniers jours ! De mon côté, cela m’oblige à me hâter dans certaines prises de vue, et de les multiplier, quand je suis plutôt un contemplatif qui aime à tourner autour du sujet – ne serait-ce que mentalement pour ne pas piétiner – avant de prendre un cliché ou deux, rarement plus. Mais puisque le temps n’en fait qu’à sa tête, je m’adapte (Acte I).

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Réveil printanier

Le soleil brille enfin et sonne un réveil printanier tardif. Les bourgeons enflent. C’est une partition qui se rejoue chaque année. Pour faire honneur à un Printemps qui se sera fait attendre, la nature se pomponne.

Discrets. Pratiquement invisibles, cantonnés dans les forêts, ou dans les terriers maternités, les chats et les renards pouponnent.
Une rencontre par ici, une ombre par là, ils glissent tels des fantômes de la brune à l’aube, puis disparaissent en sous bois. Les bouches à nourrir sont nombreuses, et lorsque les faims seront de loups, ils réapparaîtront comme par magie pour nourrir de petites gueules gourmandes.

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Nivéole de Printemps

Nivéole de Printemps, Leucojum vernum

Col de Cygne

J’aurais aimé titrer « Nivéole de printemps, acte I », mais le temps ici n’en fait qu’à sa tête : il semble cette année que ce soit généralisable au territoire ; et je joue donc la prudence car il ne me sera peut-être pas donné de deuxième chance !

La Nivéole de printemps, ou Claudinette comme on l’appelle parfois, a fait ici une apparition tardive. D’abord très timide vis à vis d’un Hiver qui n’en finit pas (ou d’un printemps qui ne s’impose toujours pas), les quelques premières à éclore périrent gelées avant même que je n’ai l’occasion de les photographier, et celles-ci, issues de ce que l’on pourrait appeler une seconde floraison, sans doute la dernière, ont fortement souffert de gelées fortes. D’autres gelées étant annoncées, j’espère néanmoins avoir la possibilité d’y retourner dès que je pourrai bénéficier de ce qui se rapprochera le plus d’une lumière potable !

J’avais imaginé cette année autour de cette plante un travail exclusivement au 300mm. Je pense après coup : c’est à dire au lendemain ; et compte tenu de la météo capricieuse, que j’aurais dû, ou pu, ouvrir mes chakras pour réaliser en une ou deux journées tout ce qu’il m’était possible à ce moment là de faire autour de cette fragile petite fleur, mais je me suis éparpillé entre Nivéoles et Renards, afin de répertorier quelques terriers éventuellement occupés, et c’est là un travail d’observation aussi intéressant qu’ingrat dans la mesure où il est très consommateur de temps. Jeudi c’était ainsi la neige qui interrompait ma séance tardive, et hier, une lumière devenue un peu trop dure : comme quoi, le printemps, en dépit du ressenti, n’est plus si loin !

Voici donc une première série, pour rester positif, où j’ai tenu à partir de son biotope le plus courant, les milieux de sous bois en situation ombragée à semi-ombragée (c’est d’ailleurs là que le « challenge » du 300mm fut le plus pénalisant) pour glisser doucement vers la plante isolée.

Retour de flamme…

Je faisais état il y a moins d’une semaine d’un bilan hivernal en demi teinte quand la nature hier a décidé de me jouer un petit tour à sa façon.
J’avais donc tiré un trait sur les amours de glace du renard pour l’hiver 2012-2013, et je repérais cette nouvelle place où j’avais vu un nouveau chat sauvage en profitant d’un début de semaine pluvio-neigeux afin d’être sûr de ne pas déranger celui qui, comme son cousin domestique, se mouille le moins possible lorsqu’il a le choix !

C’est une petite chaume de quelques hectares, faite d’un sol tourbeux parcouru de résurgences aquifères en provenance d’une tourbière située à une petite centaine de mètres de là. Un joli petit coin, comme je pourrais dire, qui se trouve être une pâture à moutons en été, mais qui se révèle être un véritable challenge photographique tant les caches y sont peu nombreuses. deux îlots de pins et de bouleaux frêles, et quelques dépressions chargées de drainer, avec difficulté, un sol qui peut se révéler d’herbes ou de sphaignes, sec ou humide. L’approche de cette place n’est donc pas simple, d’autant qu’une approche par le Nord est impossible tant la végétation y est dense et buissonnante, quand les autres points cardinaux sont loin des zones que fréquentent renards, chevreuils, sangliers, et chat (s ?)… pour ne citer que ceux qui, j’en suis sûr, fréquentent les lieux.

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