Réveil printanier

Le soleil brille enfin et sonne un réveil printanier tardif. Les bourgeons enflent. C’est une partition qui se rejoue chaque année. Pour faire honneur à un Printemps qui se sera fait attendre, la nature se pomponne.

Discrets. Pratiquement invisibles, cantonnés dans les forêts, ou dans les terriers maternités, les chats et les renards pouponnent.
Une rencontre par ici, une ombre par là, ils glissent tels des fantômes de la brune à l’aube, puis disparaissent en sous bois. Les bouches à nourrir sont nombreuses, et lorsque les faims seront de loups, ils réapparaîtront comme par magie pour nourrir de petites gueules gourmandes.

Pendant que les carnivores maternent, les herbivores eux pâturent. L’hiver fut long pour tout le monde, la pitance s’est faite rare, et bien que les estomacs de tous se soient creusés, les ventres de quelques unes se sont arrondis. La fureur des canons et les morsures de l’hiver ont désormais fait place à une quiétude qui permet aux chevreuils de s’attarder toujours un peu plus, de profiter de la douceur des rayons solaires, et de la fraîcheur de quelques pousses tendres ou de bourgeons nouveaux. Mais les corps restent alertes. Quelques semaines encore et les chevrettes mettront bas, et la prudence reste toujours de mise. Les mâles aussi sont nerveux, ils frayent et chargent tout ce qui bouge !

Quelque part entre sérénité et tension contenue d’un réveil printanier, c’est dans cet espace ténu que se glissent ces images qui courent de la fin Mars à cette fin Avril. D’approches prudentes réalisées en utilisant le terrain à mon avantage afin de ne pas déranger cette faune qui se refait de l’hiver, ces images concernent différents groupes d’animaux qui peuplent mes parcours de 400 à 900m environ. Je déplore simplement dans la série qui va suivre, réalisée ce Mardi, qu’un abruti – existe-t-il d’autres mots ? – motorisé interrompe leur quiétude, et la mienne, en surgissant dans ce champs pour les poursuivre en voiture jusqu’à la lisière !