05
Dans les foins court Goupil, suite et fin
Bonjour à tous, sans plus de mots, voici la suite et fin de cette séance avec Maître Renard…
À très vite…
Hervé
Bonjour à tous, sans plus de mots, voici la suite et fin de cette séance avec Maître Renard…
À très vite…
Hervé
Bonjour à tous !
Il est souvent plus difficile de revenir que de partir. Après quelques temps d’abandon, quelques retours programmés et avortés, et parce que j’ai retrouvé un fond et une motivation pour le faire, ce site va donc reprendre vie dès aujourd’hui. La poussière devrait vite s’envoler, et si les meubles n’ont pas vraiment changé de place, pour le moment, des changements se feront mais le fond lui ne devrait pas vraiment évoluer ; il s’agit toujours de vous faire partager la nature en occasionnant le moins possible de dérangements, mais avec peut-être une pointe de folie en plus…
Cette pointe de folie, je vous l’avais présentée à demi il y a maintenant plus d’un an.
À demi car je ne savais pas encore quel chien rejoindrait mes aventures dans la verte. Depuis beaucoup d’eau a été bue par ce chien, il s’appelle Chaska, et depuis qu’il est avec moi, il est de toutes mes sorties, afin d’observer la nature avec moi, et pour qu’il ne devienne pas un danger pour la faune que je photographie.
Des deux parmi lesquels j’hésitais, c’est le plus foncé qui a su conquérir mon cœur, et si je le dis ainsi, c’est que c’est lui qui m’a choisi. De chiot de 3 semaines, il est devenu chien… et voilà son évolution accélérée, avant que je ne lui consacre l’article que je lui dois bien !
Oui, ça fait un choc hein vu comme ça… !? Mais je ne pouvais quand même pas débuter cet article sans faire honneur à mon acolyte, sans qui d’ailleurs les photos qui vont suivre n’auraient pas été possibles !
Il y a donc un mois et demi, déjà, nous avons donc réalisé notre première vraie sortie photographique, je ne savais pas du tout ce qui allait se passer, ni comment ça allait se passer car, si depuis tout petit je l’emmène avec moi voir des animaux sauvages, si depuis tout petit j’arrive à le canaliser quand je ne fais rien d’autres, il faut bien admettre que lorsque j’ai l’œil dans le viseur, Chaska ne se comporte plus tout à fait de la même façon, il sait que je suis occupé, que je ne le regarde pas, donc il lui arrive de faire… ce dont il a envie ! Et ses envies ne cadrent pas toujours avec les miennes !
Deux jours plus tôt, on avait repéré des traces fraîches de renard, et ce jour là, nous sommes venus qu’il se montre pour tenter d’immortaliser l’instant, à deux… pour la première fois.
Nous voilà donc à l’affût, plus ou moins à couvert dans un petit bois planté au milieu d’un immense champs fauché, et alors que le temps passait et que je commençais à désespérer, je vois mon chien qui s’agite un peu et qui regarde non pas l’horizon de notre lisière, mais vers la lisière située plus au Nord, à 15 ou 20m en aplomb de nous !
C’est le signal que j’attendais de l’expérience photographique avec un chien, de bénéficier de ses supers pouvoirs sensoriels comparés au mien, mais ils signifient là que nous sommes mal placés et qu’il va falloir nous déplacer. Seul, ce n’est déjà pas évident, avec un chien, c’est une première, alors allons-y…
Je me relève donc, je calme Chaska, ramasse les affaires dont j’aurai besoin, laisse les autres sur place… et j’entreprends, Chaska en longe, de remonter vers la lisière intéressante, aussi discrètement que possible avec mon matériel. Debout, je peux voir le renard, j’attends donc le moment adéquat et je profite qu’il disparaisse un peu plus loin dans le foin pour m’installer et attacher Chaska à un arbre juste à côté de moi… je suis un peu stressé car Chaska a l’air excité, il dispose de 5m de longe, mais ça se passe bien, je l’ai canalisé depuis le début, il est tendu, il observe, mais il ne dit rien et n’essaie pas d’aller vers le renard. Si je lui laisse toute la longe, c’est que j’espère un jour ne plus en avoir besoin, et qu’il ne peut pas apprendre cela sans bénéficier d’un minimum d’allonge. L’idée est de lui fournir l’occasion d’essayer, mais le but est qu’il n’essaie pas, qu’il finisse même par oublier qu’il pourrait essayer. Je ne sais si c’est la bonne chose à faire, mais c’est ainsi que je l’ai senti.
Comme il ne bouge pas, je le félicite, je le calme autant que je peux, et nous attendons tous les deux, le regard vissé dans une unique direction… un dos par là, une tête par ci, un saut… puis le goupil se rapproche. Mon chien est calme, il regarde… et je me calme aussi. J’ai l’oeil dans le viseur, et advienne que pourra maintenant, soit ce que nous faisons depuis des mois fonctionne et ce sera top, soit Chaska se rue (essaie de se ruer) sur le renard, et il faudra encore patienter, travailler, puis essayer encore.
D’abord assis, Chaska finit par se coucher, je le caresse, lui donne un morceau de viande séchée, et je le sers dans mes bras. Il me regarde, l’air content. Même si son regard se porte à nouveau très rapidement sur le renard, on dirait qu’il a compris en partie ce que j’attendais de lui, et s’il ne comprend pas vraiment en revanche pourquoi il ne peut pas aller jouer avec ce « chien » (pour Chaska la vie est un jeu…), il se tient à carreau, langue pendante, il a l’air zen, et moi je me dis que je devrais pouvoir travailler…
Et lorsque le Goupil s’approche enfin à distance photographique, mon chien le regarde mais il n’y a plus cette obsession dans son regard, il a intégré, pour cette fois, qu’il ne devait pas y aller et il ignore pratiquement la présence du renard qui n’est pourtant plus qu’à quelques mètres de nous. Je souffle intérieurement, et la séance photographique commence.
Chlachlachlac… première rafale… Chaska me regarde, je le caresse, et je me sens bouleversé de vivre ce moment… avec un chien ! Bien sûr c’était le but dès le départ, mais cet aboutissement me submerge d’une sensation pleine. « On a réussi », voilà ce que je me dis. Et si bien sûr je serais prétentieux d’imaginer que ça se passera toujours aussi bien, ces images sont là pour dire que c’est possible, que ça ne fait que commencer.
D’autres images s’engrangent, puis comme il était venu, maître renard finit par disparaître, définitivement. Jamais il n’aura soupçonné notre présence, jamais mon chien n’aura fait le premier mouvement pour essayer d’aller le rejoindre. Je suis heureux. On l’a fait ! Et c’est en riant que je félicite mon compagnon, il me présente son ventre pour que je le lui gratte, et c’est avec ma vue qui se brouille que je m’exécute. C’est un rêve qui est devenu réel, et je ne trouve même pas les mots pour dire combien ce sentiment a été fort.
À bientôt dans de nouvelles est’capades !
Peu de choses sont parfois nécessaires pour apporter de la magie à un horizon un peu terne. Une petite averse juste avant que le soleil ne se lève, puis ce sont quelques brumes effleurées par les premiers rayons qui s’embrasent de milles feux et animent durant quelques minutes une matinée qui s’annonçait pourtant triste et grisonnante !
Je ne vous ai pas donné de véritables nouvelles depuis quelques temps, et la philosophie symbolique de cette image était suffisante pour que je sorte un peu de ma brume afin d’éclairer ce silence. Rien de grave derrière celui-ci, rassurez-vous, mais simplement une remise en question assez profonde de la suite à donner à mon travail et, en conséquence, à ce site. Pas de révolutions à l’horizon (quoique…!), mais une approche qui va évoluer, globalement, en conservant le fond, et donner naissance à quelques rubriques qui me tiennent à cœur depuis longtemps, que je pensais faire naître plus vite, mais que pour diverses raisons, je n’étais peut-être pas (encore) prêt à partager.
En pratique, il s’agira tout d’abord de vous en dire plus sur le comment certaines images ont été obtenues, ainsi que sur les choix esthétiques et techniques des prises de vue lorsque cela montrera un intérêt que ne couvrirait pas le texte. Cela sous entend pour moi un travail particulier en amont, mais pour vous un regard sur les coulisses de ma relation à la nature au travers de mes images, et je l’espère au global, une meilleure compréhension des enjeux qui se trament sur le terrain, tant pour les sujets qui y vivent, que pour moi obtenir des images tout en minimisant les impacts de ma présence. Une rubrique qui abordera également, c’est lié, les petites astuces de terrain qui permettent de repérer une piste, et d’attendre la faune dans de bonnes conditions, à la faveur d’une cache naturelle, ou fabriquée avec des éléments présents sur place.
Une rubrique assez dense dont les limites se définiront au fur et à mesure.
Autre chose est mon souhait de développer certaines pratiques un peu orphelines depuis la naissance de ce blog. 2014 devrait ainsi compter plus de macrophotographies et de paysages. Je travaille en tout cas à une rationalisation de mon parc matériel afin d’être plus opérationnel en la matière.
Enfin, je n’en dirai pas beaucoup plus pour le moment, mais je devrais travailler prochainement avec un assistant, disons, inédit (je crois), et original (là c’est sûr). Il devrait être pleinement opérationnel en 2015, après une longue formation, mais j’attends beaucoup de ce partenariat qui débutera progressivement tout au long de cette année. Je vous en dirai plus lorsqu’il sera là, mais son influence devrait être certaine, pour le meilleur, mais aussi pour le pire rire ! 😉
En attendant, je travaille sur pas mal de choses, nouvelles, d’autres moins, et j’attends la neige avec une impatience qui frôle l’hystérie ; c’est de cet embrasement là dont j’ai besoin en ce moment moi !
@ bientôt, avec des images de neige épaisse (ou pas),
Hervé
11mois et 3 jours après sa naissance, RvB Images a franchi les 10000 clics durant la nuit dernière.
Ce pallier me fait néanmoins réaliser que j’ai pris du retard et qu’il y a encore beaucoup de rubriques à faire naître au sein de ces murs !! Rendez-vous donc pour les 100000 clics : et voilà qui me laisse une marge confortable pour amorcer les changements envisagés 😉
Un grand merci donc à tous ceux qui se sont attardés sur ces pages, dans lesquelles ils auront, je l’espère, trouvé du plaisir.
Actualité un peu molle en ce moment, qui contraste avec des températures assez rudes pour la saison : quoiqu’un ramollissement soit annoncé pour la semaine prochaine ! Le petit épisode neigeux a permis à la faune de retrouver une quiétude quelques semaines durant, juste assez pour me faire entrevoir ce qui pourrait être ! Vivement qu’une bonne couche bien épaisse leur offre une véritable et nécessaire trêve !!
Le rut du renard en ligne de mire, ces derniers sont encore très discrets, et, excepté quelques observations distantes, ce ne sont le plus souvent que quelques traces qui m’indiquent leur présence… nocturne ! Les chats quant à eux se montrent encore plus discrets car la neige gelée n’a imprimé de leurs passages que de très subtiles empreintes…
Côté cerfs, pas encore de rencontres, mais ils sont revenus il y a quelques jours dans notre commune qui est une de leurs zones de gagnage… affaire à suivre. Plutôt que le roi, c’est donc plutôt aux princes que j’ai affaire… voire à leur descendance !
Mais la neige très bruyante ne permet pas l’approche, et il faut donc un peu de chance pour bénéficier de proximité ! Ce jour là, sa mère vint le rejoindre un peu plus tard, avant qu’ils ne s’enfoncent tous deux dans les broussailles réchauffées par un beau soleil !
À bientôt !
Hervé
Famille, petits problèmes de dos, temps exécrable, remises en questions, connexion internet capricieuse ou inopérante depuis quelques jours, les bâtons ont été nombreux ces dernières semaines pour nuire à ma production d’images, ainsi qu’à ma sérénité. Comme je dois également confesser un manque d’organisation, ou de priorisation pour m’être attaqué à trop d’éléments à la fois, le résultat est que le retard s’accumule sur tous les fronts… à commencer par le plus visible, ici même !
Je vous propose donc une petite mise à jour dans le joyeux capharnaüm de mes travaux, entre échafaud… ages (!), et pots de peinture (mieux que goudron et plumes) !
La variété de sujets est à l’image de celle du temps depuis un mois, et de mes sorties qui préparent l’hiver et la recherche de nouveaux territoires plus qu’elles n’essaient de favoriser la rencontre avec la faune : besogne parfois frustrante, en terme de résultats, mais essentielle et fondatrice. Il est donc ici parfois question de couleurs, des premières neiges en compagnie des chamois, de brouillards épais, de ces éclaircies qui quelques fois transpercent la grisaille et le froid…
Essentiellement, et ça n’a rien à voir avec les températures, la faune se cache. Il faut alors pas mal d’obstination pour rencontrer des sujets, nerveux. N’espérer pas le faire en milieux découverts : à moins de troquer vos yeux pour ceux d’une chouette et jouer votre chance de nuit. Si en revanche vous connaissez ces petits sentiers qui secrètement serpentent dans les buissons, que vous vous armez de patience, et qu’un – long – tête à tête avec vous même en bras de fer contre votre impatience ne vous effraie pas, alors peut-être aurez vous la chance à la dérobée de constater qu’ils sont toujours là…
Une bien maigre récompense pour plusieurs heures de patience, mais le plus souvent, tant que la neige n’aura pas fait taire les fusils, et excepté les débandades que vous aurez parfois provoquées, voilà ce dont vous devrez vous contenter…
Il existe heureusement d’autres sujets, y compris faunistiques, qui, moins persécutés, restent conciliants. N’ayant pu prendre de photos durant le rut pour cause de temps exécrable – ce qu’il faut qu’il soit vraiment pour m’empêcher de sortir le matériel – j’arrivais un peu après la bataille, et les guerriers étaient déjà au repos…
Entre deux visites, les repérages continuent, et si la faune se cache, il est quelques endroits prometteurs.
Puis ce sont les premières chutes de neige qui m’invitent à un retour bref sur les crêtes dans un brouillard épais, l’automne est fou et s’offre dans toute sa diversité, mais c’est déjà un grand pas vers l’hiver qui est franchi ici.
À bientôt.
Hervé
Je l’ai déjà dit, je le dis, et je le redirai, la photographie de nature n’est pas une science exacte : de là à vous faire passer des chamois pour des cerfs, il n’y a qu’un pas…
Il y a des semaines, comme celle-ci, où rien ne se passe comme prévu. J’avais anticipé pour diverses raisons une semaine raccourcie, et deux sorties cerfs dont l’une, je le savais, ne donnerait rien (probablement : sans quoi je ne l’aurais pas faite). Si la première a tenu ses promesses : je n’ai effectivement pas vu/entendu un seul cerf… pis j’ai été dérangé toute la matinée par des chasseurs ; je n’avais en revanche pas anticipé la surprise (du genre mauvaise) qui m’attendait lors de la seconde, où je me suis retrouvé pantois devant un panneau interdisant l’accès à la chaume de mes espoirs Sous des airs de Taïga : route barrée jusqu’au 18 Octobre pour abattage d’arbres et risques de chutes de pierres… !
Imprévu que je pensais compenser en me rendant sur une autre place de brame, non repérée cette année, mais visitée maintes fois par le passé. Gag, de mauvais gout, c’était un autre panneau qui m’attendait, genre « chasse en cours »… ahem !…
N’ayant plus le temps d’engager un plan C, et l’heure avançant tout doucement (replacé dans le contexte, il devait être 6h45), je me suis finalement retrouvé une demi-heure plus tard au sommet du Hohneck, presque surpris, et en route vers les chamois.
Il fait plus frisquet que je ne le pensais, je n’ai pas de polaire car je pensais photographier en sous bois 400 ou 500m plus bas en altitude, et la partie photo s’annonce difficile car je suis dans les nuages, fouetté par une petite bruine que rabat le vent.
Vous ai-je déjà dit qu’il était des jours comme ça, où rien en va ? Non ?…
La période se prêtant à ce genre de déconvenues, il ne faut toutefois pas y accorder trop d’importance et savoir positiver pour rebondir sous peine de rentrer bredouille. Et comme j’avais planifié d’aller voir les chamois durant le mois de Novembre, période du rut, ces retrouvailles sonnaient comme une phase de repérage, anticipé, et une prise de température à environ 1 mois de leur pic d’activité.
N’étant pas revenu sur les hauteurs depuis un an environ, ayant essuyé mon lot d’imprévus cette semaine, je ne prends pas de risque et m’installe quelques minutes plus tard dans une petite dépression sur un versant qui ne m’a que rarement déçu par le passé. Quelques sifflements de chamois au loin m’indique que les mâles commencent un peu à s’échauffer. Un peu trop tôt pour parler de rut, mais quelques scènes observées au loin ne laissent aucun doute sur la mise en route prochaine des hostilités, les mâles se cherchent déjà des poux.
J’allais me rapprocher d’un groupe d’une vingtaine d’individus non loi et à la faveur d’un monticule, quand j’aperçois un mouvement sur ma droite. Un mâle satellite solitaire m’a vu bouger, mais comme il fait encore très sombre, et que je ne me suis pas totalement relevé, il ne sait pas trop ce qu’il a vu. S’ensuit alors une longue période où il s’approchera de moi, poussé par sa seule curiosité, et toute une phase où il fera semblant de brouter tout en relevant rapidement la tête pour essayer de trahir un mouvement suspect. Probablement du fait du rut qui se rapproche, un jeu qui ne dure habituellement qu’un quart d’heure durera cette fois-ci une bonne demi-heure trois quart d’heure ! Les premiers clichés (voir « Chamois dans la brume » ci-dessus) se font à 1/10 de seconde et 6400 iso, avec une netteté qui au 500mm confirme que mon choix quelques semaines plus tôt d’un trépied en bois Berlebach et d’une tête pendulaire Dietmar sont judicieux avec une telle longueur focale (équivalente à 750mm du fait du capteur APS-C), et pour dire vrai, lorsque j’ai commencé cette sénace, je n’avais encore jamais déclenché avec des vitesses aussi basses et me demandais ce que ça allait donner comme déchet. Il fut très faible… et à chaque fois dû à l’opérateur (notamment sur des tentatives de filés qui ont échoués), ou aux mouvements du sujet. J’en suis désormais totalement convaincu, ce duo offre une stabilité redoutable assez facile à exploiter.
Très rapidement, bien qu’il me sache présent et me regarde de temps à autre, ce Chamois se désintéressera de moi paissant à des distances allant d’une petite quinzaine de mètres à quelques mètres seulement… parfois trop près pour faire une image au 500mm ; ce qui explique le peu d’images d’ambiance et la forte proportion de portraits dans ma sélection. Une prise de température utile, donc, et qui me montre que je devrai reculer ma position habituelle lorsque le rut battra son plein !
La lumière ne reviendra jamais vraiment durant cette séance, mais j’aurai néanmoins eu beaucoup de plaisir à partager cette intimité avec ce bouc qui aura accepté ma présence jusqu’au bout, au point qu’une fois repu, alors qu’il siestait derrière un sorbier, je suis reparti en rampant, soucieux de ne pas le déranger, il releva à peine la tête lorsque je me suis relevé à une cinquantaine de mètres ! Si j’avais soupçonné cela, je me serais éloigné avant pour aller faire des photos du groupe qui, désormais redescendu, n’était plus accessible. Mais l’heure n’était pas aux regrets, car, ma carte mémoire pleine, et les quelques scènes observées au cours de cette journée m’apparaissaient comme autant de signes encourageants à l’horizon de la mi-Novembre, rendez-vous est pris.
La suite sous forme de galerie… il n’y a plus qu’à imaginer le vent de face qui m’apportait le doux parfum de mon acolyte du jour, à peine dilué dans les brumes 🙂
À noter qu’hormis pour l’image qui inaugure l’article, les images sont placées dans l’ordre de prise de vue, ce qui est un bon moyen de comprendre comment la « lumière » a évolué ce jour là presque aussi fluctuante que la distance du chamois !… mais place aux images.
Vous pouvez bien entendu me contacter pour toute demande d’informations complémentaires.
Petite mise à jour un peu spéciale aujourd’hui puisqu’elle ne traite pas d’un sujet particulier, mais du partage d’un environnement que j’aime beaucoup et qui constituera ces prochaines semaines mon air de jeu afin d’essayer de couvrir le brame du cerf.
Parti « léger » avec seulement un compact,… et mon D7000 monté d’un 500mm, le but n’était pas tant, encore, à la rencontre qu’au repérage et prise de température afin de voir où en étaient les cerfs. Certaines images souffrent d’ailleurs de ce choix technique du compact, qui, bien que relativement performant dans sa gamme, a eu beaucoup de peine à avaler la dynamique de certaines scènes.
Il est environ 6h30 lorsque j’arrive sur les lieux. Parti une demi heure auparavant en voiture, je prends soin d’arriver sur ma zone de stationnement éclairé seulement par les veilleuses de ma voiture, et en roue libre au bénéfice d’une légère déclivité. J’aurai encore une petite dizaine de minutes de marche avant d’arriver sous un épicéa un peu particulier. Trois ans que je ne suis pas venu ici, mais où file donc le temps ? Je suis impatient…
Au sortir de la voiture, à 800m d’altitude, la douceur ambiante n’augure rien de bon en ce qui concerne l’activité des cerfs. Ce sont en revanche des conditions assez idéales en vue de repérages puisque l’activité devrait être assez faible, d’autant que nous sommes en montagne et que même en plaine les cerfs commencent seulement à réellement bouger. Je me charge hâtivement de mon sac à dos, et progresse dans une obscurité quasi totale, aussi silencieusement que possible sur un chemin forestier caillouteux, avant de bifurquer vers ma gauche sur la place tant convoité. Je n’y vois rien, mais… rien n’a changé, et c’est toujours sur un petit barrage de pierres que la traversée du ruisseau qui serpente dans la chaume se fait. Dans le noir, et un peu chargé comme je le suis, mieux vaut avoir le pas assuré, mais les repères n’ont pas changé, et c’est donc bien sur l’autre berge que j’atterris… plus que 50m à pas de loup, et je pourrai me glisser sous les quelques épicéas convoités. Quelques raires lointains m’indiquent la présence des rois, mais leurs espacements m’indiquent que, si tout couve, les amours ne brûlent pas encore sur cette chaume. Je ne peux pourtant m’empêcher de sourire, car leur présence est tout ce qui m’importe.
Derniers pas à découvert, heureux de n’avoir pas croisé de protagonistes au risque de les faire déguerpir, je me glisse enfin sous les portes d’une cathédrale végétale constituée de quelques épicéas. Aucun passant qui n’aurait repéré le discret sentier qui monte dans les brimbelliers et qui n’aurait pénétré cette ouverture à peine visible dans les aiguilles ne peut soupçonner ce qui se cache à l’intérieur. Derrière cette « porte » se trouve en effet un soubassement aménagé qui permet même aux grands gabarits de se déployer sans risque de se heurter à des branches. Autre particularité de ces épicéas, il s’y trouve un petit four en pierre. Qui l’a installé et quan ? Je l’ignore, mais l’incongruité me plaît et il était déjà là lorsque j’ai découvert cet endroit après avoir à peu près examiné tous les épicéas ou sapins de l’endroit pour définir ceux qui pourraient m’être utiles !
Diverses ouvertures dans le mur végétal tout autour permettent de surveiller la chaume, ainsi que le plateau au dessus, sans être vu soi-même. Pas forcément idéal, mais confortable lorsqu’il ne s’agit que d’observer, d’autant que deux coulées de part et d’autre permettent de se retrouver en excellente position si toutefois l’activité devait se dérouler dans les environs, et qu’il est très facile depuis ce lieu de bouger discrètement, après avoir repéré à l’oreille les places de brame et à la faveur de la végétation, vers d’autres spots s’il le fallait ! Enfin, le petit plateau au dessus, constitue une place potentiellement forte du brame, où j’ai d’ailleurs vécu dans l’obscurité totale mon premier combat entre cerfs il y a plusieurs années maintenant… un souvenir qui m’avait donné l’impression alors que ma toiture végétale semblerait bien maigre si jamais ces deux là venaient à croiser le bois en se rapprochant de moi ! Au delà de la réelle trouille que j’avais alors ressentie, leur puissance dégagée par les vibrations qui se transmettaient au sol m’avait définitivement offert ce que le brame a de meilleur à offrir à ceux qui s’y intéressent, un concentré de sensations pures.
Rien de tel cette fois-ci. L’horizon commençait à peine à s’éclaircir que déjà les raires devenaient plus rares. Le feu d’artifice ne serait pas pour aujourd’hui. Mais qu’importe, la prise de température avait eu lieu, et les pluies du WE, en refroidissant l’atmosphère, apporteraient je l’espère ce qu’il faut pour que la vallée s’embrase !
Sorti de ma cachette deux bonnes heures après que le dernier cerf ait poussé son raire, je pouvais commencer mon tour d’investigation. Rien à priori n’avait changé, mais j’avais besoin de rafraîchir et de reconnecter mes souvenirs, de me remémorer ces couloirs qui me permettraient éventuellement de passer d’une zone à une autre en limitant au maximum les passages à découvert, de me réapproprier enfin toutes ces petites caches sans lesquelles les cerfs ou les biches pourraient vous repérer à vue, ou à l’odeur.
Un petit panoramique à 120° permet d’embrasser une vue globale de la chaume. Réalisé en début d’après-midi, il n’a guère de qualité esthétique mais permet néanmoins de mieux comprendre l’endroit.
Si j’aime particulièrement cet endroit, c’est qu’il s’y dégage une aura particulière. Du fait de ses brumes d’une part, comme l’illustre la photo qui ouvrait ce billet, mais aussi et surtout parce que la vue que cette petite chaume offre à ses visiteurs n’a pas grand chose de commun avec ce qu’il est possible de voir ailleurs dans les Vosges. C’est un peu comme si la Scandinavie s’était invitée dans le massif vosgien, et l’endroit n’a pourtant rien de totalement sauvage puisqu’il s’agissait à la fin du XIXème siècle, et au début du XXème, d’une zone cultivée, où l’on exploitait également la tourbe qui constitue la partie Sud-Ouest de la basse chaume. Il reste quelques ruines des fermes qui s’y trouvaient, et l’on devine sur la gauche du panoramique, le long du sentier, les murets qui devaient probablement favoriser l’ancrage des terres cultivables dans le sol et éviter ainsi l’érosion.
Néanmoins, on peut dire que depuis, la nature y a repris quelques droits. La végétation s’empare peu à peu des ruines, et le tout donne une multitude de caches et autres couloirs où la vie sauvage s’écoule, presque paisiblement si ce n’était la pression cynégétique.
Dans ce désormais labyrinthe végétal, j’ai défini quelques endroits stratégiques intéressants, où les traces de grands cervidés ne manquent pas, tout comme les possibilités de caches ! Voici quelques spots où il me semble intéressant d’affûter… à moins que les cerfs eux-mêmes ne décident de jouter ailleurs. Ces endroits ont été choisi autant pour les qualités de lumière (pleine ou à contre jour), que pour la possibilité qu’ils m’offrent de ne pas me retrouver piéger dans l’incapacité de me déplacer si toutefois les cerfs s’en éloignaient.
Les versants au Nord sont plus encombrés, même si certains ne manquent pas d’intérêt… et il est fort à parier que ce sont ceux qui seront les plus actifs, période de chasse oblige. Ce sont d’ailleurs les plus accessibles et ceux qui disposent du plus de caches, quand ceux situés autour de la chaume offrent les vues les plus esthétiques et dégagées…
Il ne s’agit de toute façon pas de choisir, car ce seront les cerfs qui le feront !
Quant aux cerfs, ils sont bien là, très discret pour le moment, surtout en journée. Deux photos énormément recadrées néanmoins durant mes repérages en sous bois sur le versant Nord… en attendant que cela se décante ! C’est très encombré, et il faut bien reconnaître que, sans le 500mm, je n’aurais même pas tenté : d’ailleurs je n’aurais peut-être même pas vu le cerf dans le viseur 😀 ! L’émotion, elle, était bien là en revanche.
Chaque année je redécouvre les joies de l’automne, ses brumes profondes ou évanescentes, bientôt ses couleurs chaudes échappées de la palette d’un peintre, et les odeurs d’humus et de champignons des sous bois humides. Hélas, aussi, j’en redécouvre les inconvénients avec les lumières rarement idéales, et surtout, les WE chassés qui, dès que le premier coup de feu a retenti, modifient en profondeur le comportement de la faune sauvage…
Chaque année à l’ouverture de la chasse, je me dis qu’il va me rester une semaine à quinze jours avant que mes repérages deviennent obsolètes et qu’il me faille modifier moi aussi en profondeur mon approche de la faune devenue, et c’est heureux pour elle, paranoïaque, telle que la moindre alerte même infondée, se solde par une débandade immédiate, souvent désordonnée. Parfois cela ne dure même pas une semaine, et cette année était de celle-ci.
Je viens ainsi de passer une quinzaine frustrante, avec peu d’images car croisant peu de faunes, et des sujets déjà fortement stressés lorsqu’ils daignaient quitter les soubassements végétaux. D’autant plus frustrante que je testais mon nouveau matériel et que je me suis particulièrement entêté à continuer d’exploiter des spots connus pour en cerner le potentiel en le comparant avec celui de mon ancien matériel ! Le bilan de cette phase de tests néanmoins est positive, et si le temps m’a gratifié de ses caprices pluvieux et brumeux de saison – caprices que dit en passant j’apprécie plutôt… et que j’apprécierai plus encore quand les cèpes seront suffisamment nombreux pour faire une bonne poêlée sans pour autant faire de pillage – j’ai tout de même eu de quoi confirmer mes premières impressions sur ces rares occasions, et assez pour juger un potentiel prometteur. Il me faudra cependant dès la semaine prochaine reprendre les affûts que j’avais délaissés ces derniers temps au profit des approches, et notamment regagner les zones sous couverts forestiers où il me sera plus simple de mettre en images une faune plus « détendue », jusqu’à ce que la neige calme les comportements (humains) et rouvrent les grands espaces…
À propos de nouveau matériel, je reviendrai plus en profondeur sur la Dietmar Nill prochainement car je n’en ai pas encore exploré toutes les facettes : je me suis surtout concentré – entêté je vous disais – sur mon nouveau téléobjectif puisque c’est tout de même son usage principal. L’intérêt ne concerne peut-être qu’une poignée de personne, mais le trépied Berlebach a eu plus de succès que je ne le pensais et certains m’ont contactés par email pour savoir quand je ferais celui de la tête Dietmar. Comme il me faut bien imaginer que d’autres se le demandent aussi sans oser en faire la requête, j’essaierai de faire vite, mais pour le moment sachez que je ne l’ai pas oublié !
Avec le retour des brumes (pour les paysages), et parce que entre autres choses je devrais traiter la semaine prochaine de la punaise arlequin (Pentatome rayé) en macro, je devrais pouvoir bientôt boucler ce test de façon assez complète pour en faire un retour constructif : pour le moment, en usage téléobjectif, c’est très bon !
Pour en revenir aux changements que soufflent le titre, ce site devrait en subir prochainement. Cosmétique, un peu car ça me travaille depuis un moment, et architectural, surtout. Je suis donc en train de réfléchir à une version 2.0, et ça fait des mois que ça dure même si je ne suis pas encore certain de ce qu’elle devrait ou non comporter. Le fond, enfin, également devrait évoluer lui aussi, ce qui se traduira probablement par une refonte des galeries, mais pas que, puisque c’est aussi ma façon de faire qui sera en jeu dans les semaines mois à venir.
Du moins, c’est la théorie… 😉
S’il est de notoriété presque publique que les chats domestiques n’aiment pas se mouiller (certaines races font exceptions), il est moins évident pour tout le monde d’imaginer que cette aversion pour l’eau s’étend aussi à son cousin sauvage, le chat forestier : après tout, celui-ci doit bien se nourrir pour survivre ! Non ?
La réponse se veut nuancée.
Oui, bien entendu, le chat sauvage doit se nourrir, mais non, il n’est pas forcément prêt à affronter la pleine pluie pour le faire s’il peut l’éviter ! Sa meilleure porte de sortie en l’occurrence lui est apportée par son biotope, car le chat sauvage, ou chat forestier comme son autre nom commun l’indique, est avant tout un prédateur des sous bois, qui ne consent donc à en sortir que lorsque les conditions sont optimales, le plus souvent ainsi, lorsque les herbes sont basses, qu’il n’y a pas ou peu de rosée, et de préférence, bien entendu, s’il fait beau !
Il est bien entendu d’autres variables (reproduction, quantité de proies, et certaines autres qui nous échappent), et le voir autrement est possible, mais moins probable. Mais de mes observations et diverses approches du chat, je retiens deux moments particulièrement favorables à leur observation lorsque leur zone de prospection a été établie.
Le premier se situe en plein cœur de l’hiver, lors du rut, où il se montre moins méfiant et daigne alors montrer sa royale présence dans les zones dégagées.
Et le second précède les averses mettant fin aux périodes d’ensoleillement.
En dehors de ces deux moments clés, de ma propre expérience, ils m’ont toujours semblé apparaître de manières presque aléatoires, présents quelques jours à quelques semaines lorsqu’ils chassent une zone de prospection, mais capables de disparaître des semaines, voire des mois, avant de réapparaître comme s’ils n’étaient jamais partis.
Pour moi, que je me place comme observateur ou photographe, cette part de mystère en fait un des sujets les plus intéressants à suivre parmi mes sujets habituels. Ceci ajouté aux sentiments qui me traversent quand je croise son regard m’emporte à chacune de nos rencontre aux portes de la fascination et de l’amour pour ce petit roi des forêts dont je me sens très proche, étant moi-même plutôt farouche !
Hier donc, je trouvais que les conditions étaient réunies pour aller rencontrer le chat. il avait fait beau toute la semaine, la pluie s’annonçait pour le lendemain, la rosée était modérée, et surtout, je l’avais photographié au même endroit quelques jours auparavant (article suivant, Lorsque l’instinct prend le pouvoir).
Arrivé bien avant que le soleil ne se lève, je laisse un renard s’éloigner – à peine visible dans mes jumelles – avant de traverser les seuls 20 mètres que je dois traverser à couvert pour rejoindre le petit bois et le lit de fougères dans lesquelles j’espères me cacher. Le renard parti, je progresse silencieusement en direction des fougères, mais quelque chose semble différent dans la pénombre, et je ne tarde pas à constater que les fougères ne sont plus, fauchées, de même que le regain ! Une lisière ne manque pas de cachettes, mais celle-ci était particulièrement agréable par temps chaud, je me rabats donc approximativement au même endroit, mais cette fois-ci assis et adossé à un platane, lequel me permettra de tendre mon filet devant moi. L’attente commence. Les premières lueurs du jour éclaircissent petit à petit l’horizon. Il sera bientôt là. S’il vient !
Le jour est seulement levé mais je commence à m’inquiéter.
D’une part le goupil n’est pas revenu, ce qui m’indique que le champ en bout de celui-ci a également été fauché (ce qui s’avérera vrai par la suite) : et si le chat était là bas lui aussi ? S’agissant d’un nouveau sujet, je ne peux en être certain, néanmoins, avec ces prédateurs, la meilleure stratégie est de ne pas bouger, d’autant que fauchés, ces champs pourtant vallonnés ne permettent pas une approche confortable car leurs reliefs engendrent des retours de vent. J’attends donc, lorsque je crois apercevoir un mouvement furtif sur ma gauche au sommet d’une butte. C’est la seule direction qui ne m’offre pas une vue dégagée, et je pense que mon chat, ou le renard vu plus tôt, est sur le plateau. Deux oreilles dans le champ de mes jumelles me le confirment un peu plus tard, il chasse là haut, et d’où je suis, je ne le verrai que lorsqu’il redescendra en forêt. Je dois bouger !
J’entreprends alors une lente reptation vers le sommet de cette buttée… seulement une trentaine de mètres d’effort, mais qui doivent être franchis avec la plus grande précaution tant les oreilles adverses sont aiguisées !
Mètre après mètre, mon horizon s’étend, mais rien ne m’attend au sommet : où est-il ?
Je ne bouge plus, je ne respire même plus.
Dans les bottes ! Il est là bas, je le vois à peine, tournant autour des bottes que le propriétaire du champ a rassemblé, une légère dépression le cache quasiment à ma vue, mais je ne peux pas monter plus si je souhaite rester dissimuler à la sienne au bénéfice du relief.
J’attends depuis une petite dizaine de minutes lorsque je sens mon chat perdre de sa motivation. La nuit, à la faveur de parcelles dégagées éclairées d’une lune presque pleine a dû être riche en bouchées nourricières, et la chaleur déjà élevée invite à la sieste plus qu’aux efforts.
Il va s’éclipser lentement, j’en suis convaincu, et je n’ai pas encore fini de le penser lorsque pour me donner raison je le vois suivre la dépression en direction de la forêt. Je n’ai que peu de temps pour me préparer, mais je glisse imperceptiblement sur ma droite en direction de cette coulée, juste à la tangente qui ne me laissera ensuite que ses arrières à photographier ! Pourvu qu’il la suive jusqu’au bout car il disparaît à ma vue…
Ces quelques secondes de disparition me semblent très longues, mais il ressort effectivement où je l’espérais.
Las, c’est ainsi que je le sens à ce moment là, il n’a que deux options, où ils bifurquent sur ma droite et continue sa séance jusqu’à me sentir car le vent ne me sera plus favorable, soit comme je l’espère car je ne souhaite pas être découvert il part sur sa gauche en quête de tranquillité digestive, et fort heureusement pour lui, et pour moi dans ma volonté de ne pas lui nuire, il était effectivement repus…
Alors qu’il repart, il ne fera que deux stations, avec le potentiel espoir pour moi qu’il reste finalement encore un peu. Cela n’arrivera pas !
Ces deux dernières images sont cependant intéressantes car elles montrent à quel point le chat forestier peut se montrer prudent lorsqu’il quitte la scène ; une prudence qui n’a d’égale que la paranoïa qui précède toujours son entrée ! Ces deux images sont fortement recadrées, et ont été effectuées après avoir rampé en contrebas en m’aidant du relief pour me dissimuler.
Les pluies à venir devraient le tenir éloigné quelques temps des espaces dégagés, tout comme les renards, mais je sais qu’il finiront par revenir quand je m’y attendrai le moins, c’est là une partie de leur magie !
Après un solide petit déjeuner, lorsque j’avale mon dénivelé matinal, sans que j’ai à l’y inviter mon esprit navigue parmi les perspectives photographiques de la journée. Je n’ai pas pleinement conscience du processus de réflexion qui se met alors en place car une partie de mon esprit est occupé à ma bonne progression dans l’obscurité à travers bois : éviter cette souche, me baisser sous cette branche, positionner mes pas correctement en traversant cet éboulis rocheux, contrôler mon effort, etc… ; et il apparaît parfois que le plan initial, souvent dessiné la veille puis affiné lors du petit déjeuner pendant que je digère les prévisions météos, entre en conflit avec les résultats de cette introspection distraite, mais reflétant exactement mes réelles envies du moment.
Ce Samedi matin était de ceux-là. Je gravissais mon dénivelé quotidien lorsqu’un chat forestier imaginaire chassa progressivement l’Hermine avec laquelle j’avais théoriquement pris rendez-vous.
Au jeu des vents contraires que je me dois de respecter dans cette discipline, il ne faut pas croire que ces fulgurances l’emportent toujours. Au détriment des envies viscérales, la photographie animalière est avant tout une école de la discipline où l’improvisation doit parfois, souvent, s’effacer devant les paramètres d’approche ! Toujours est-il que ce matin là, aux environs de 5h, pas très bien réveillé encore, mon état d’inconscience me souffla cette douce perspective selon laquelle les conditions étaient à peu près idéales pour qu’une rencontre avec les yeux d’émeraudes puisse aboutir.
Les conditions semblaient parfaites, mais, et ce n’était pas rien, cela faisait plusieurs mois du fait des dérangements forestiers que je n’avais plus vu de chats sauvages, et que je m’étais donc un peu éloigné de leurs zones de chasse ! Les travaux suspendus depuis 3 mois, seraient-ils de retour ? Aujourd’hui ? Alors même que mes observations quelques semaines auparavant s’étaient soldées d’autant d’échecs ?
Préparé ou pas, je connais ces terrains pour les avoir parcourus à la recherche de chats ou de renards, et je me suis finalement retrouvé à finir ma course en sous bois rampant sous un couvert de fougères qui ouvrait sur un champs qui repoussait en regain, presque surpris d’être là, et pas vraiment convaincu par la pertinence de ma présence ici ! Mince alors, les renards se faisant de plus en plus rares dans ce secteur, si les chats ne sont pas là, je vais vraiment m’emm… !
Pourtant, quelques minutes plus tard, il était là, dans mes jumelles, à une cinquantaine de mètres, puissante et discrète petite silhouette à peine visible dont la ligne dorsale ondulait sans hâte au travers des graminées ! Oubliés, les noms d’oiseaux desquels je m’insultais quelques minutes plus tôt, même s’il ne s’approchait pas plus, cette journée serait tout de même déjà une réussite par les perspectives qu’elle venait de m’offrir pour les jours à venir. Disparu, désormais retrouvé, les retrouvailles avec ce petit félin me vrillaient les tripes d’une joie immense.
Alors qu’il serpente dans les herbes, je perds plusieurs fois sa trace au travers de mes jumelles et c’est en véritable feu follet qu’il disparaît puis reparaît, imprévisiblement, mais de plus en plus proche. Je m’aperçois alors qu’il s’agit d’un mâle que je n’ai pas encore vu ici, et je m’inquiète un peu de ce qu’est devenu celui que j’attendais.
Le soleil est déjà levé, il a fini depuis quelques minutes d’escalader la colline qui me fait face, et je dois désormais faire attention aux moindres reflets quand le matou me tire de ma torpeur à mesure qu’il s’approche à distance photographique. Tout de même surpris et intrigué par mon premier déclenchement en guise de « test de personnalité », il ne s’intéressera pas aux suivants. Nouveau chat, plutôt zen en plus, je ne boude pas ma chance !
C’est après une pause assez longue à surveiller un mulot qui jamais ne sortira, qu’il se met à longer un talus en contrebas, dans ma direction, mais rarement dans des conditions qui me permettront de le photographier confortablement. Tantôt c’est une herbe qui affole l’autofocus de mon appareil, tantôt ce sont des herbes qui dissimulent matou à ma vue. Dans ces conditions, la mise au point est le plus souvent faite à la main, et parfois au petit bonheur la chance tant minet ne me laisse pas beaucoup de temps pour agir entre deux apparitions, le temps que je le retrouve dans cette jungle !!!
Il disparaît soudain à cause d’un talus…
Ne sachant pas trop où il se trouve, je ne bouge pas de ma position de peur de la révéler, et j’ai simplement espéré qu’il réapparaisse à nouveau à distance acceptable. Le ciel entre temps s’est voilé, et il se passera finalement 45 minutes avant que je ne l’aperçoive de nouveau, fort loin !
Il siestera finalement, précisément à l’endroit de cette dernière photo, et ce n’est qu’après une toilette minutieuse et délicate, telle que savent les faire les chats, qu’il disparaîtra dans la lisière du fond.
Heureux en dépit de ma maigre récolte, je lui promets secrètement de revenir le voir et lui souhaite de bien se porter d’ici là…
Les lecteurs ont la parole