16
2013Retour de flamme…
Je faisais état il y a moins d’une semaine d’un bilan hivernal en demi teinte quand la nature hier a décidé de me jouer un petit tour à sa façon.
J’avais donc tiré un trait sur les amours de glace du renard pour l’hiver 2012-2013, et je repérais cette nouvelle place où j’avais vu un nouveau chat sauvage en profitant d’un début de semaine pluvio-neigeux afin d’être sûr de ne pas déranger celui qui, comme son cousin domestique, se mouille le moins possible lorsqu’il a le choix !
C’est une petite chaume de quelques hectares, faite d’un sol tourbeux parcouru de résurgences aquifères en provenance d’une tourbière située à une petite centaine de mètres de là. Un joli petit coin, comme je pourrais dire, qui se trouve être une pâture à moutons en été, mais qui se révèle être un véritable challenge photographique tant les caches y sont peu nombreuses. deux îlots de pins et de bouleaux frêles, et quelques dépressions chargées de drainer, avec difficulté, un sol qui peut se révéler d’herbes ou de sphaignes, sec ou humide. L’approche de cette place n’est donc pas simple, d’autant qu’une approche par le Nord est impossible tant la végétation y est dense et buissonnante, quand les autres points cardinaux sont loin des zones que fréquentent renards, chevreuils, sangliers, et chat (s ?)… pour ne citer que ceux qui, j’en suis sûr, fréquentent les lieux.
Après un début de semaine humide et théorique à apprendre cette place, je décidais donc Vendredi de profiter d’une journée annoncée radieuse pour mettre en pratique ce que j’avais compris de ce terrain pour, peut-être, y voir le chat venir se réchauffer sous le soleil. Après une semaine passée dans sa forêt cloîtré par les pluies, c’était un espoir raisonnable. Parti de nuit, un groupe de sangliers sur le plateau me retardait dans mes plans et ce n’est qu’une petite demi-heure avant que le soleil ne se lève que je suis arrivé sur place. Chance ou malchance, trois renards parcouraient d’ors et déjà cette place et ne me laissaient pour seule option que de ramper jusqu’à eux sur environ 200m. Il fait -8°C, le sol est tantôt gelé sous la neige, tantôt souple et humide, et me promettait un grand moment de bonheur et tout loisir de repenser avec émotion à mes compères sangliers laissés quelques dizaines de minutes auparavant ! Prémonitoire !!
Je ne sais exactement combien de temps je me suis débattu au sol pour rejoindre mon objectif, mais j’avais d’ors et déjà envie de rentrer lorsqu’après dix minutes à ramper lentement, furtivement, sur un sol gelé et neigeux, je tombais sur le premier lit de sphaignes gorgées d’eau. Littéralement transi dans la seconde qui suivait, la bravoure devenait souffrance chaque fois que, trempé, je devais de nouveau m’agripper à un sol gelé, devenu râpeux. Arrivé enfin à mon spot, j’étais complètement gelé, grelottant, misérable finalement, et… : « Mais où diable sont passés ces renards ?! ». Ils n’étaient plus là !!
Je tape dans ma boisson chaude pour me réchauffer autant que je le peux, je n’y parviens pas vraiment, mais comme je commence à sécher, je me dis que je n’ai quand même pas fait tous ces efforts pour rentrer maintenant, penaud ! S’engage un petit bras de fer contre les éléments, un de plus !
Là non plus, je ne sais pas combien de temps passe car ma seule pensée en boucle est de rentrer au pas de course pour tenter de réchauffer un corps que je ne commande plus totalement, quand un renard déboule au galop. Puis une renarde à sa suite.
Je n’ai jamais eu un taux de déchets aussi élevé sur une sortie photo. J’avais anticipé mes tremblements incontrôlables en augmentant la vitesse de mon appareil quitte à devoir rogner sur la qualité des images du fait de sensibilités isos plus élevées, mais ce n’était pas suffisant, j’ai dû jeter plus de 50% des images, dont certaines intéressantes, et les autres n’atteignent que rarement le niveau de qualité minimum que je m’accorde habituellement. Ce n’est finalement que parce que le document est tout de même rare que je le partage, et cela « passe » en format web.
La déception fut d’autant plus grande sur l’ordinateur que sur l’écran arrière de mon appareil, ça semblait net ! Voilà un allié, l’écran, dont il faut donc se méfier !! Reste que je suis tout de même content d’avoir vécu ça, et qu’il a été, en dépit des souffrances dues au froid, un intense moment de joie intérieure… difficilement explicable ici, mais c’est ce sentiment que finalement je conserve.
Car c’est bien à une sorte de jeu de séduction que se livrait ici Madame auprès de Monsieur. L’action n’était plus vraiment de mise, mais le comportement de la renarde, visiblement en chaleur, ne laissait pas de place au doute. Plusieurs fois elle s’est assise dans la neige devant lui en traînant son arrière train sur le sol.
Quelques réunions du couple, avant que Monsieur ne reparte…
Après un petit temps d’hésitation à le suivre, la renarde se retire tranquillement quelques mètres plus loin pour un repos bien mérité. De mon côté, je ramperai quelques mètres de plus dans un fossé sec pour immortaliser l’instant… à peine réchauffé, je tremble un peu moins, et cette image est la seule qui soit véritablement nette, au sens que j’accorde à ce mot habituellement !
Finalement, je n’aurai donc pas été complètement bredouille des amours de glace du renard, glace que j’aurai ressentie jusqu’au bout de mes doigts gourds et rougis !
Bien entendu, les images ne sont pas aussi belles que celles que j’avais imaginées partager avec vous quelques semaines plus tôt, mais je garde au lendemain de cette aventure un souvenir réjouissant, apte en lui-même à entretenir encore et toujours cette flamme rousse qui brûle dans leurs yeux, et dans les miens depuis que j’ai croisé leur regard. Et le rhume ne semble pas me guetter… vivement l’année prochaine !!
Comme moi, j’espère que vous apprécierez ce petit voyage au bout de la flamme de la passion.
Phédrienne
Et bien, l’érotisme façon goupil est plutôt rustique, mais l’histoire ne manque pas de sel.
Et ayant rampé de façon parfois très ridicule dans la gadoue pour prendre de minuscules fleurettes,et m’être déjà gelée convenablement sous un filet de camouflage en hiver pour prendre des oiseaux absents, je compatis vivement à tes maux !
Merci pour le partage !
Ps: une petite fiasque de rhum dans la poche?
RvB
Rustique est le mot !
Ils avaient sans doute déjà consommé, et l’heure n’était plus vraiment à la timidité. J’imagine, car monsieur aura sans doute pas mal cavalé avant de bénéficier de telles avances !
Les maux sont l’envers du décor de bien des images natures,; à différents degrés, rien d’exceptionnel en soi, si ce n’est donc la volonté pour moi de partager cette coulisse, d’autant plus amusante qu’elle suivait la rencontre de spécialistes en la matière !
La fiasque… j’y penserai, mais en cas de refroidissement, il paraît que ce n’est pas forcément une bonne idée ! 😉
Merci pour ton passage !
Amitiés !