Dans les foins court Goupil

Bonjour à tous !

Il est souvent plus difficile de revenir que de partir. Après quelques temps d’abandon, quelques retours programmés et avortés, et parce que j’ai retrouvé un fond et une motivation pour le faire, ce site va donc reprendre vie dès aujourd’hui. La poussière devrait vite s’envoler, et si les meubles n’ont pas vraiment changé de place, pour le moment, des changements se feront mais le fond lui ne devrait pas vraiment évoluer ; il s’agit toujours de vous faire partager la nature en occasionnant le moins possible de dérangements, mais avec peut-être une pointe de folie en plus…

Cette pointe de folie, je vous l’avais présentée à demi il y a maintenant plus d’un an.
À demi car je ne savais pas encore quel chien rejoindrait mes aventures dans la verte. Depuis beaucoup d’eau a été bue par ce chien, il s’appelle Chaska, et depuis qu’il est avec moi, il est de toutes mes sorties, afin d’observer la nature avec moi, et pour qu’il ne devienne pas un danger pour la faune que je photographie.
Des deux parmi lesquels j’hésitais, c’est le plus foncé qui a su conquérir mon cœur, et si je le dis ainsi, c’est que c’est lui qui m’a choisi. De chiot de 3 semaines, il est devenu chien… et voilà son évolution accélérée, avant que je ne lui consacre l’article que je lui dois bien !

Altdeutsher Schäferhund, berger allemand ancien type, Olympus OM-D E-M1, 45mm f/1.8, 1/100, f/2.8, iso 200

Chaska…

Altdeutsher Schäferhund, berger allemand ancien type, Olympus OM-D E-M1, 150mm f/2.8, 1/500, f/2.8, iso 1600

Chaska !

Oui, ça fait un choc hein vu comme ça… !? Mais je ne pouvais quand même pas débuter cet article sans faire honneur à mon acolyte, sans qui d’ailleurs les photos qui vont suivre n’auraient pas été possibles !

Il y a donc un mois et demi, déjà, nous avons donc réalisé notre première vraie sortie photographique, je ne savais pas du tout ce qui allait se passer, ni comment ça allait se passer car, si depuis tout petit je l’emmène avec moi voir des animaux sauvages, si depuis tout petit j’arrive à le canaliser quand je ne fais rien d’autres, il faut bien admettre que lorsque j’ai l’œil dans le viseur, Chaska ne se comporte plus tout à fait de la même façon, il sait que je suis occupé, que je ne le regarde pas, donc il lui arrive de faire… ce dont il a envie ! Et ses envies ne cadrent pas toujours avec les miennes !

Deux jours plus tôt, on avait repéré des traces fraîches de renard, et ce jour là, nous sommes venus qu’il se montre pour tenter d’immortaliser l’instant, à deux… pour la première fois.
Nous voilà donc à l’affût, plus ou moins à couvert dans un petit bois planté au milieu d’un immense champs fauché, et alors que le temps passait et que je commençais à désespérer, je vois mon chien qui s’agite un peu et qui regarde non pas l’horizon de notre lisière, mais vers la lisière située plus au Nord, à 15 ou 20m en aplomb de nous !
C’est le signal que j’attendais de l’expérience photographique avec un chien, de bénéficier de ses supers pouvoirs sensoriels comparés au mien, mais ils signifient là que nous sommes mal placés et qu’il va falloir nous déplacer. Seul, ce n’est déjà pas évident, avec un chien, c’est une première, alors allons-y…

Je me relève donc, je calme Chaska, ramasse les affaires dont j’aurai besoin, laisse les autres sur place… et j’entreprends, Chaska en longe, de remonter vers la lisière intéressante, aussi discrètement que possible avec mon matériel. Debout, je peux voir le renard, j’attends donc le moment adéquat et je profite qu’il disparaisse un peu plus loin dans le foin pour m’installer et attacher Chaska à un arbre juste à côté de moi… je suis un peu stressé car Chaska a l’air excité, il dispose de 5m de longe, mais ça se passe bien, je l’ai canalisé depuis le début, il est tendu, il observe, mais il ne dit rien et n’essaie pas d’aller vers le renard. Si je lui laisse toute la longe, c’est que j’espère un jour ne plus en avoir besoin, et qu’il ne peut pas apprendre cela sans bénéficier d’un minimum d’allonge. L’idée est de lui fournir l’occasion d’essayer, mais le but est qu’il n’essaie pas, qu’il finisse même par oublier qu’il pourrait essayer. Je ne sais si c’est la bonne chose à faire, mais c’est ainsi que je l’ai senti.

Comme il ne bouge pas, je le félicite, je le calme autant que je peux, et nous attendons tous les deux, le regard vissé dans une unique direction… un dos par là, une tête par ci, un saut… puis le goupil se rapproche. Mon chien est calme, il regarde… et je me calme aussi. J’ai l’oeil dans le viseur, et advienne que pourra maintenant, soit ce que nous faisons depuis des mois fonctionne et ce sera top, soit Chaska se rue (essaie de se ruer) sur le renard, et il faudra encore patienter, travailler, puis essayer encore.
D’abord assis, Chaska finit par se coucher, je le caresse, lui donne un morceau de viande séchée, et je le sers dans mes bras. Il me regarde, l’air content. Même si son regard se porte à nouveau très rapidement sur le renard, on dirait qu’il a compris en partie ce que j’attendais de lui, et s’il ne comprend pas vraiment en revanche pourquoi il ne peut pas aller jouer avec ce « chien » (pour Chaska la vie est un jeu…), il se tient à carreau, langue pendante, il a l’air zen, et moi je me dis que je devrais pouvoir travailler…

Et lorsque le Goupil s’approche enfin à distance photographique, mon chien le regarde mais il n’y a plus cette obsession dans son regard, il a intégré, pour cette fois, qu’il ne devait pas y aller et il ignore pratiquement la présence du renard qui n’est pourtant plus qu’à quelques mètres de nous. Je souffle intérieurement, et la séance photographique commence.

Chlachlachlac… première rafale… Chaska me regarde, je le caresse, et je me sens bouleversé de vivre ce moment… avec un chien ! Bien sûr c’était le but dès le départ, mais cet aboutissement me submerge d’une sensation pleine. « On a réussi », voilà ce que je me dis. Et si bien sûr je serais prétentieux d’imaginer que ça se passera toujours aussi bien, ces images sont là pour dire que c’est possible, que ça ne fait que commencer.

Renard roux, vulpes vulpes : Olympus E-M1 ; Olympus 40-150 f/2.8 ; 1/640 ; f/2.8 ; iso 200

Contre jour

Renard roux, vulpes vulpes : Olympus E-M1 ; Olympus 40-150 f/2.8 ; 1/640 ; f/2.8 ; iso 320

Affût

Renard roux, vulpes vulpes : Olympus E-M1 ; Olympus 40-150 f/2.8 ; 1/640 ; f/2.8 ; iso 320

Sous le soleil…

D’autres images s’engrangent, puis comme il était venu, maître renard finit par disparaître, définitivement. Jamais il n’aura soupçonné notre présence, jamais mon chien n’aura fait le premier mouvement pour essayer d’aller le rejoindre. Je suis heureux. On l’a fait ! Et c’est en riant que je félicite mon compagnon, il me présente son ventre pour que je le lui gratte, et c’est avec ma vue qui se brouille que je m’exécute. C’est un rêve qui est devenu réel, et je ne trouve même pas les mots pour dire combien ce sentiment a été fort.

À bientôt dans de nouvelles est’capades !