Tiques, comment se protéger ?

Au retour du beau temps, alors que vous vous baladez tranquillement en profitant du soleil, détendus et sereins, la tique ne songe qu’à une chose : trouver une proie (sereine et détendue) sur laquelle s’accrocher ! Il en va ainsi de la vie de cet acarien hématophage (qui se nourrit de sang), qui, par nécessité d’évoluer, voue son existence à attendre la proie (vous, votre animal, un animal) qui lui fournira la nourriture et l’énergie nécessaire pour atteindre le prochain stade de son évolution.

Les activités en nature sont évidemment un facteur de risques propice à ces rencontres indésirables qui peuvent être vectrices de zoonoses (dont, hélas, la de plus en plus célèbre maladie de Lyme)… voici quelques pistes de réflexions afin de vous préserver de cet ennemi presque invisible.

Une tique c’est quoi ?

Tique, Ixodida : Nikon D7000, Sigma 150mm, 1/500, f/8, iso 1600

Tique à l’affût

Plus grand représentant de la famille des acariens, la tique peut-être qualifiée de « dure », ce sera essentiellement le cas en France métropolitaine, ou de « molle » pour les espèces qui se trouvent au Sud de la méditerranée. La différence entre les deux espèces se situe au niveau du positionnement du rostre (l’appendice buccal piqueur), situé dans le prolongement du corps et de la tête pour l’espèce « dure » quand il est situé sous la tête pour l’espèce dite « molle ».

Comme je le disais en introduction, la tique évolue tout au long de sa vie en trois stades :

  • La larve, qui suit l’éclosion et dont les sujets sont quasiment invisibles à l’œil nu… (mais fort heureusement, car presque invisibles, le plus souvent non vecteur de maladies)
  • La nymphe
  • Le stade dit adulte

Il est nécessaire à la tique de se gorger de sang pour passer d’un stade à l’autre, et si elle ne le fait pas en une prise, elle multipliera les sujets afin d’y parvenir. Plus les proies nécessaires à son développement seront nombreuses, et plus le risque sera grand qu’elle puisse véhiculer une maladie (qu’elle aura ponctionné en même temps que le sang sur l’une de ses proies) pour l’homme ou un animal. Une fois repue d’un repas qui peut durer plusieurs dizaines d’heures, elle se détache, tombe au sol et évolue vers le stade suivant. Une fois le stade adulte atteint, la femelle cherchera une proie non pour évoluer, mais pour se gorger de sang afin de pondre et assurer la génération suivante.

Ça vit où ?

Les zones herbeuses, les friches, et les sous-bois, particulièrement là où la densité animale est élevée, sont des zones propices, mais l’espèce la plus courante affectionne également les forêts humides dans lesquelles elle trouvera refuge dans les feuilles mortes, les herbes, ou encore les tas de bois ! Les populations de tiques évoluent au gré de la couverture herbeuse, de la chaleur et du taux d’humidité. L’explosion démographique de la tique se situe généralement au printemps et en automne, mais les variations sont importantes suivant la « qualité » des années et il est donc prudent de considérer le risque des premiers beaux jours dès la fin de l’hiver (particulièrement précoce cette année), aux premiers frimas de l’hiver. Enfin, il est bon de savoir que la tique vit essentiellement au niveau du sol, et dépasse rarement 1 mètre d’altitude… ce sera donc essentiellement par vos jambes que se donnera l’assaut !

Tique, Ixodida : Nikon D7000, Sigma 150mm, 1/500, f/8, iso 500

Les herbes ont les crocs…

Quels sont les risques ?

Le plus connu en France est celui de la maladie de Lyme, mais la liste est longue et ne s’arrête pas à cette seule maladie qui par ailleurs recoupe une quantité telle de pathologies différentes suivant les porteurs qu’elle en rend le diagnostic délicat. Il faut par ailleurs savoir que le risque réel de contamination par une tique ne se fait pas dans la plupart des cas avant 24 heures de piqûre, et qu’en dessous de 6 heures le risque est quasi nul.

Pour plus d’informations sur les risques liés aux morsures de risques, voici un site de référence : maladies à tiques

Comment se protéger des tiques ?

Que vous soyez dans la nature tous les jours, ou promeneur occasionnel, trois stratégies me semblent essentielle afin de vous protéger des tiques lors de vos escapades dans la nature.

  • La prévention en portant des vêtements couvrants/longs et adaptés
  • L’utilisation d’une protection répulsive chimique
  • L’inspection visuelle systématique du corps à chaque retour de sortie

1. Le choix des vêtements

Tout ce qui peut retarder la piqûre de la tique dans votre peau est bon à prendre. il va donc sans dire que les vêtements couvrants, préférentiellement longs, et serrés aux extrémités sont préférables à tous autres vêtements plus confortables, ou estivaux ! Sauf si vous êtes comme moi amenés à ramper au sol afin d’attendre ou d’approcher la faune, n’oubliez pas que l’invasion se fera essentiellement par les jambes, je ne parle donc ici que de pantalons pouvant préférentiellement se resserrer autour de la chaussure ! Ceci dit, un vêtement étant une trame de tissu sur laquelle la tique peut s’accrocher, et avancer, il est également un vecteur de propagation de la tique vers les parties hautes du corps, veillez donc à prendre un vêtement relativement uni et assez clair afin de repérer plus facilement les assaillants que vous retirerez bien entendu dès que vous les verrez. En photos animalière, les vêtements clairs sont proscrits, mais avec un peu d’habitude, vous développerez un sixième sens et peu de tiques échapperont à votre regard d’aigle ! Cela sous entend bien sûr des inspections fréquentes des bas de pantalon et du pantalon lui-même, mais avec l’expérience, vous reconnaîtrez facilement les milieux à risques et saurez quand agir ! 😉

Quoiqu’il en soit, parce que nul n’est infaillible, cette seule stratégie, bien qu’efficace, est insuffisante, et une protection chimique est indispensable.

2. Les répulsifs

Certains s’appliquent sur la peau, d’autres sur les vêtements.

J’évite les premiers car d’une manière générale, foi d’ex chimiste 😉 , j’évite autant que possible les contacts cutanés avec les formulations de synthèse, d’autant plus lorsqu’elles sont potentiellement toxiques. Je vous déconseille donc l’usage de produit à base de DEET, qui non seulement n’est pas vraiment écologique mais est de plus toxique. Vous pouvez en revanche si votre phobie des insectes piqueurs est la plus forte utiliser des produits à base d’Icaridine, et j’utilise parfois Insect’Ecran spécial tropiques lorsque les populations de tiques sont vraiment élevées. Appliquer le produit sur les chevilles et le bas des jambes, voire sur les bras devrait limiter énormément les risques.

Ma stratégie repose essentiellement sur l’application d’un répulsif à base de Perméthrine sur les vêtements avec Insect’Ecran spécial vêtements. L’avantage du produit est qu’il reste actif très longtemps (1 à 2 mois), qu’il est sans odeur une fois sec (certaines espèces sont capables de le sentir lors des premiers jours qui suivent l’application : il faut le savoir), et qu’il résiste assez bien à la pluie, la sueur, ou la rosée. Mais attention, ce produit est sur la sellette concernant nos animaux et en particulier les chats, j’invite donc à la plus grande prudence lors de l’application, et de respecter la notice qui conseille une application en extérieur : de toute façon, le produit pue quand il n’est pas sec et ce sera donc à vos risques et périls si vous le faites en intérieur ! 😛

3. L’inspection visuelle au retour n’est pas une option !

En retour de promenades, ou quoique vous ayez eu à faire en forêts, une inspection corporelle minutieuse est indispensable. Examiner bien entendu vos jambes, mais aussi tout le reste de votre corps, avec un petit miroir en guise de partenaire visuel si vous êtes seuls. Cela est vite fait, et ce serait donc bête de prendre le risque de ne pas le faire vu les risques encourus.

Petite astuce, si comme moi vous réutilisez vos vêtements à chaque sortie, un séjour dans le congélateur (à l’intérieur d’un sac plastique) d’une petite demi-heure tuera les parasites.

Et pour nos compagnons à 4 pattes ?

Comme je manque d’expérience en la matière, je vous aiguille vers une petite lecture sympathique et instructive : Tiques tac tiques tac… le printemps arrive…

Une tique s’est accrochée, que faire ?

La première chose à faire est de ne pas se précipiter en essayant de décrocher l’intruse avec les doigts, ou avec un outil inadapté ! Si cela pourrait effectivement retirer la tique, cela aurait surtout potentiellement pour conséquence d’appuyer sur l’abdomen de la tique et aurait pour effet de réinjecter une partie de son contenu (comme une petite seringue…), et ainsi tous les agents pathogènes que la tique pourrait porter en elle !

Une pince à épiler à bec fin (pinces brucelles) pour les plus habiles, une pince à tiques si vous l’êtes moins, et vous dévisser délicatement l’intruse…

Les vrais baroudeurs peuvent également opter pour le fil de coton : il faut faire un nœud contre la peau et tirer dans l’axe de la piqûre (attention de ne pas enserrer l’abdomen de miss tique 😉 ) !

Conclusion

Comme souvent, votre meilleure arme pour éviter des problèmes de santé potentiellement graves liés aux tiques sera donc la prévention. L’utilisation de vêtements adaptés, conjointement à l’utilisation de produits répulsifs chimiques éprouvés et a l’assiduité de vos inspections visuelles systématiques en retour de sorties natures permettront de grandement limiter les risques.