Sauvegarde et sécurité des données numériques

À l’ère du tout numérique, qui n’a jamais connu le désormais fameux « ordinateur planté », qui, même après une tentative de redémarrage, ne démarre plus… épisode immédiatement suivi de la peur de perdre toutes vos données, si importantes, capitales, et pourtant négligées jusque là. Si ce n’est arrivé à vous directement, vous connaissez sans doute au moins une victime dans votre entourage, pourtant, aussi paradoxal que ce soit, il est aujourd’hui presque aussi facile d’y remédier que de perdre (définitivement !) ces données si vous n’en prenez pas soin.

Comme il existe énormément de façons de faire, mais mon but n’étant pas de vous faire tomber dans l’excès inverse, je vais exposer une méthode parmi d’autres, relativement facile à mettre en œuvre, et vous indiquerai aussi quelques alternatives qui me semblent pertinentes (mais que je n’utilise pas/pas encore). Mon exemple tournera autour des photos/vidéos, mais peut s’appliquer à toutes données numériques et/ou numérisées : musiques, dessins, écrits, etc…

I. Les différents supports disponibles

S’agissant de données numériques, vous avez à votre disposition tous les supports de stockages disponibles !

CD-R/CD-RW

À mon avis aujourd’hui complètement obsolètes puisque mini PC et Tablettes numériques boudent quasiment tous ces supports.

  • Avantages : léger…
  • Inconvénients : capacité de stockage limitée, fragilité, durée de vie limitée

DVD R/DVD RW

Peuvent s’envisager pour une production faible, et si vous disposez de beaucoup de temps.

  • Avantages : léger, volume de stockage intéressant… 
  • Inconvénients : … vite limité en photos/vidéos, fragilité, durée de vie limitée, temps de sauvegardes longs

Disques durs internes et externes

Probablement le meilleur choix puisqu’ils sont de plus en plus performants, de plus en plus volumineux, et de moins en moins chers !
Notez qu’ils peuvent également être utilisés avec ce que l’on appelle des NAS, possibilité que je ne détaillerai pas ici puisque je ne l’utilise pas, mais qui fera peut-être l’objet d’un billet un jour si je viens à y passer : c’est une solution assez intéressante, de plus en plus employée, et je vous invite donc à vous documenter si jamais votre solution passe par l’utilisation de disques durs.

  • Avantages : rapide, fiable, rapport prix/capacité
  • Inconvénients : fragilité relative (disques externes), toutes les données d’un disque en panne sont généralement perdues…

Clés USB

À mon avis réservées à un usage/partage nomade pour ce qui est des photos/vidéos, leurs capacités de plus en plus importantes peut permettre la sauvegarde compacte de certaines autres données numériques, moins volumineuses.

  • Avantages : universel (ou presque ?), rapide, léger, compactes, solide
  • Inconvénients : En cas de panne, toutes les données de la clé sont généralement perdues

Disques SSD

À mon avis pas encore adaptés au stockage du fait de leur rapport prix/capacité défavorable, ils peuvent néanmoins être une alternative plus volumineuse en capacité de stockage que la clé USB dans un boîtier dédié tout en restant plus compacte et moins fragile qu’un petit disque USB… à voir suivant votre besoin d’espace !

  • Avantages : rapide à très rapide suivant l’interface utilisée (eSata, USB 2.0, USB 3.0, etc…), léger, relativement compact, solide
  • Inconvénients : capacités encore limitées pour des fichiers volumineux, rapport prix/capacité défavorable
Cette liste n’est pas exhaustive, mais elle devrait suffire au professionnel comme à l’amateur, ou toute autre personne soucieuse de la pérennité de ses données numériques. Les autres supports auquel je pense étant plus spécialisés, voire tombés en désuétude pour certains si ce n’est dans le cadre de professions très ciblées, si vous deviez avoir un jour l’utilité de ceux-ci, j’imagine que ce serait en connaissance de cause !

En ce qui nous concerne, vous l’aurez peut-être compris, les disques durs s’avèrent aujourd’hui la meilleure solution pour le photographe/vidéaste amateur ou professionnel.

Vous allez alors me dire qu’il suffit donc de transférer ses images sur le disque dur, et que voilà, tout sera en sécurité !? Détrompez vous !

II. Organisation matérielle

Mon but ici est de proposer une solution de sauvegarde simple et efficace. Il existe des solutions plus élégantes, les NAS en représentent un aspect, mais je souhaite avant tout proposer ici quelque chose d’accessible à tout le monde, et qui permet néanmoins de pallier aux problèmes les plus couramment rencontrés responsables de pertes de données : pannes de l’ordinateur, support illisible, erreur de manipulation, virus informatique. Certains de ces risques, notamment les deux derniers, peuvent être évités en évitant les gestes routiniers pour les erreurs de manipulation, ou avec une protection adéquate et un peu de bon sens pour ce qui concerne les virus.

Si l’erreur est humaine, en appliquant ce qui suit, au moins ne sera-t-elle plus fatale !

L’idée de base est qu’aucune donnée n’est en sécurité tant qu’elle ne se trouve que sur un seul support. La règle pour pallier les problèmes évoqués plus haut est très simple, il faut avoir en permanence chaque fichier au moins en deux exemplaires sur deux supports physiques différents !

Afin d’y parvenir, il suffit d’utiliser une sauvegarde sur 3 disques durs différents (c’est un minimum, et c’est donc extensible… si vous le souhaitez !). Deux disques internes, et un disque externe qui ne sera branché que lorsque la sauvegarde vers ce support sera effectuée.
Le choix de l’USB 3.0 peut être fait ici pour sa rapidité, mais il est substituable par d’autres connectiques (Firewire, USB 2.0, eSata) suivant les capacités de votre ordinateur, votre budget, ou le temps que vous êtes prêt à passer dans la procédure !

III. En pratique, ça se passe comment ?

Partons du principe, commode pour moi, que vous êtes photographe. Votre séance photo terminée, une fois rentré chez vous, votre objectif est d’assurer le développement et la sécurité de vos photos, ce qui passe par le transfert de celle-ci sur votre ordinateur.

1. Copie des images sur un disque dur de l’ordinateur

Les images existent alors en deux exemplaire. L’un sur votre carte mémoire, l’autre sur l’un de vos disques durs. Vous pouvez effectuer un premier tri de vos images à ce moment là, voire commencer à traiter vos images, mais n’effacez surtout jamais ces dernières de votre carte mémoire avant la deuxième étape, et après avoir assuré la sauvegarde de celles-ci sur un troisième support !
Il est en effet important de ne jamais perdre de vue que les images doivent exister sur deux supports avant toute manipulation, sans quoi, tôt ou tard, le risque de faire face à une perte définitive vous pendra au nez.

2. Copie de sauvegarde (éventuellement d’images déjà post-traitées) sur un autre disque interne

Vos images existent alors au moins en deux exemplaires si elles ont été post-traitées, plus un exemplaire non traité sur votre carte. Ou en trois exemplaires si vous n’avez pas effectué de post-traitements. Quelle que soit votre méthode de travail sur laquelle je vous laisse libre, les images ayant été sauvegardées sur deux supports physiquement séparés, c’est à ce moment précis que vous pouvez envisager le formatage de votre carte mémoire.

 À partir de là, vous pouvez travailler (ou retravailler) vos fichiers numériques, faire ou refaire des tris, etc… Il vous suffira ensuite de procéder de nouveau à l’étape (2) afin de synchroniser vos deux disques internes afin que leur contenu soit à nouveau identique : voir plus bas pour plus d’informations sur comment effectuer cette synchronisation.

3. Copie de sauvegarde sur un disque dur externe

Il s’agit ici de sauvegarder le fruit de vos travaux de post-traitements. Afin de minimiser les risques, c’est un disque qui doit n’être branché que lors des sauvegardes, il est donc peu pertinent d’y effectuer des sauvegardes de fichiers non finalisés… tant que ces fichiers existent sur vos deux disques internes. Néanmoins, si vous êtes adepte des traitements d’images « à froid » (après quelques temps, afin de vous couper de l’ambiance du moment, ou pour toutes autres raisons), il est plus prudent de voir vos fichiers coexister à trois endroits, dont ce disque externe débranché de votre ordinateur, afin de pallier les risques liés notamment à la foudre, aux virus, aux surtensions, etc…
Par corollaire, une fois vos données enregistrées sur ce disque externe, vous pouvez éventuellement effacer les sauvegardes qui se trouvent sur votre premier disque : ça n’a rien d’obligatoire, bien au contraire vous augmentez la sécurité de vos données en conservant trois exemplaires plutôt que deux, mais si votre première sauvegarde se trouve sur votre disque système, dans le dossier « mes images », par exemple, vous pouvez rapidement être limité en espace disque, et ressentir le besoin de vous limiter à deux sauvegardes : le minimum requis afin de limiter les risques, la probabilité que deux disques physiques différents tombent en panne en même temps étant quasi nulle, et d’autant plus improbable que l’un d’entre eux, par vos soins, sera externe et débranché du PC en permanence si ce n’est durant la sauvegarde.

IV. Procédure personnelle

J’ai longtemps utilisé la manière de faire exposée plus haut, qui est la plus simple que je connaisse tant que l’on ne passe pas par des logiciels spécifiques. Mais depuis quelques années j’utilise Lightroom et ma procédure a un peu évolué.

En résumé les étapes (1) et (2) sont réunies en une seule étape lors de l’importation, et je peux commencer à travailler mes images pendant l’import depuis le catalogue de ce logiciel. Je charge Lightroom d’importer les images en les classant par année/mois/jour.
Une fois mon tri et mes post-traitements effectués, je n’ai plus qu’à synchroniser mes deux disques (étape qui chez moi synchronise également le catalogue de Lightroom qui se trouve sur mon disque de travail qui est un SSD). Je synchronise ainsi en une étape mes images et les post-traitements effectués, en laissant les originaux intacts : hormis ceux effacés lors du tri, qui le seront également sur le second disque après cette étape de synchronisation.

C’est après cette étape que j’efface ma carte.

Puis je synchronise sur un disque externe : ainsi que les réglages Lightroom.

Mes données existent donc en trois exemplaires en permanence. Deux disques internes, et un disque externe USB 3.0 qui n’est branché que durant les sauvegardes.

Schématiquement :

SSD      : Système – catalogue Lightroom
HDD 1 : Sauvegarde 1 de mes photos organisées en année/mois/jour – Catalogue Lightroom dans un autre répertoire
HDD 2 : Sauvegarde 2 de mes photos organisées en année/mois/jour – Catalogue Lightroom dans un autre répertoire

Externe : Sauvegarde 3 de mes photos organisées en année/mois/jour – Catalogue Lightroom dans un autre répertoire

V. Logiciel de sauvegarde/synchronisation

J’en entends dire que ce doit être long à faire toutes ces copies. Et bien ça ne l’est pas du tout, car je ne fais pas ça manuellement mais avec un petit logiciel gratuit qui s’appelle SyncBack Freeware. Je ferai peut-être un tutoriel de ce logiciel si cela m’est demandé, mais je ne rentrerai pas ici dans les détails de ses possibilités (élevées) parce que ce billet n’est pas un tutoriel de ce soft (pas plus que de Lightroom, raison pour laquelle je suis resté vague également à son sujet).

Sachez cependant que c’est un programme bien pratique qui permet de la « simple » copie des données, tel qu’on peut le faire manuellement, à la synchronisation de répertoires le tout avec la possibilité offerte par le logiciel de s’assurer de la conformité de l’opération afin d’éliminer les éventuelles erreurs de copie !

Si la langue de Shakespeare ne vous dérange pas, vous pouvez trouver un tutoriel, en anglais donc, ici.

Il existe d’autres logiciels effectuant la même chose, mais si je vous aiguille vers celui-ci c’est que c’est celui qui m’a le plus convaincu, et qu’il est fort simple à configurer même sans lire de tutoriel : il est en ce sens même bien plus convainquant que pas mal de logiciels pourtant payants.

Conclusion

En résumé je vous conseille donc d’utiliser au moins 3 disques durs, de ne jamais avoir moins de deux exemplaires de vos fichiers, et d’utiliser un logiciel qui assurera lui-même la sauvegarde/synchronisation entre ces disques et permettra d’éviter – autant que possible – l’erreur humaine due aux procédures répétitives.

Comme il est toujours possible d’améliorer un système, vous pouvez pour ce faire augmenter le nombre de disque, et essayer de faire en sorte que votre sauvegarde externe (ou l’une de vos sauvegardes externes) ne se trouve pas géographiquement au même endroit que votre ordinateur. Cela est réalisable avec un NAS… ou avec d’autres techniques que je n’ai pas particulièrement explorées (sauvegarde sur un serveur par exemple…), ceci afin de vous protéger d’un incendie, d’un vol, ou de tout ce qui pourrait nuire à la fois à vos sauvegardes internes, et externes !