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2013Se protéger du froid en photographie nature
Le froid, plus particulièrement la saison hivernale lorsqu’elle s’accompagne de givre ou de neige, annonce généralement pour les photographes – au sens large du terme – la perspective d’ambiances singulières, de lumières magiques, et de clairs obscurs fantastiques.
Cet article, aux bases déjà sérieuses, ne prétend pas répondre aux questions que peuvent se poser ceux ou celles qui souhaiteraient affronter le cercle polaire ! Cependant, les températures en Lorraine, même si l’on écarte les pics exceptionnels de froid, tournent assez fréquemment en hiver autour de -10°C en plaine, et bien moins à mesure que l’on se rapproche des crêtes vosgiennes. Sans un minimum de précautions, le plaisir visuel dont je parlais en introduction peut rapidement tourner à l’épreuve de résistance physique par températures négatives, à fortiori en photographie nature si vous faites de longues, ou fréquentes, pauses en attente de la faune.
Pour définir clairement les choses, et parce que nous ne réagissons pas tous de la même manière au froid, je me propose donc ici d’exposer mon approche de ces conditions dans le cadre de la photographie nature pour des températures annoncées négatives sous abri et allant jusque -20°C, qui est le minimum que j’ai eu à tester jusque là sur les crêtes vosgiennes, dans des conditions de blizzards et vents moyens de 70km/h. J’ai 37ans, je suis en bonne forme physique, bien acclimaté au froid, et j’aime ces conditions. Ce retour ne vaut que s’il est pris dans cette globalité, afin que vous l’adaptiez à votre propre expérience car aucune expérience tierce ne peut être transposable en l’état. Si vous n’avez donc aucune expérience à ce niveau, ne jouez pas les apprentis sorciers kamikazes et commencez par adopter une approche prudente !
Cet article qui risque de s’étirer en longueur sera divisé en trois sections :
- La première abordera le concept de système qui m’est devenu cher au fil des années et qui peut s’appliquer à toutes les parties du corps à protéger.
- La seconde traitera de ces petits riens qui changent la vie lors des affûts, des pauses longues, ou répétées.
- La dernière abordera quant à elle la protection du matériel !
I. Pensez Système !
Pour commencer et secouer certaines idées reçues, il faut comprendre et admettre que, parmi le vaste choix de vêtements qui sont proposés par des enseignes spécialisées ou non, quelques soient leur technicité, réelle, supposée, ou leur prix, ils ne seront jamais à considérer plus que comme des compromis répondants de manière plus ou moins acceptable à vos besoins. Dit autrement, le vêtement parfait, tout en un,… la sirène marketing n’existe pas, et aucun vêtement ne pourra jamais être parfait tout le temps dans toutes les situations, mais montrera des qualités dans un éventail de situations plus ou moins larges.
L’idée de base lorsque je parle de système est donc de créer une synergie des qualités de certains vêtements, en opposant le moins possible des caractéristiques parfois antagonistes, afin de répondre aux besoins que vous vous serez fixés, réels ou fantasmés.
Si vous avez quelques expériences de ces conditions, si vous êtes randonneurs, ou si vous fréquentez parfois les fora spécialisés dans la randonnée, la survie, ou les sports d’hiver, vous aurez peut-être et sûrement déjà entendu parler du principe des trois couches. Pour résumer, car ce n’est pas ce dont je vais parler ici, c’est un concept qui se propose à l’aide de trois couches successives de vêtements aux particularités différentes de rester au chaud et au sec. Schématiquement, une couche près du corps, seyante, évacue la transpiration vers les couches extérieures afin de rester au sec, la deuxième couche apporte une isolation tout en ne faisant pas barrage à la transpiration qui continue donc de s’évacuer vers la troisième couche, qui sert elle de rempart aux éléments extérieurs (pluie, vent, etc…) tout en laissant passer la transpiration sous sa forme vapeur grâce à une membrane tout en ne laissant pas pénétrer l’eau sous sa forme liquide (pluie, neige) : c’est le désormais classique et célèbre empilement T-Shirt technique // Polaire // Veste à membrane.
Comme ce n’est pas exactement mon propos, même si c’est une base, je ne développerai pas plus loin et vous invite à lire cet excellent (et plus que complet) article sur le système des trois couches si vous désirez en savoir plus.
Pour l’avoir adoptée quelques années, cette approche fonctionne bien dans beaucoup de situations, notamment en plaine (où les efforts sont modérés), et en statique. Si vous n’avez donc pas clairement définis vos besoins, ou que ceux-ci coïncident avec ce système, il devrait vous apporter d’emblée, si vous ne l’avez pas déjà adopté, un confort supplémentaire conséquent, et me semble de ce fait une bonne base de départ, éventuellement adaptable ensuite à votre pratique : car comme je le disais plus haut, aucun système n’est parfait dans toutes les situations !
Dans mon cas, les limitations qui m’ont poussées à adopter un système différent sont surtout survenues lorsque je suis repassé de la photographie en plaine à la photographie en montagne. Une veste à membrane ne respire finalement pas assez pour gérer une succession d’efforts parfois violents, et entraîne une accumulation de la transpiration dans les couches inférieures, ce qui par temps froid à l’affût se solde rapidement par un refroidissement important du corps le temps que la membrane évacue cet excès. Enlever la veste lors de la phase d’efforts n’est pas toujours possible lorsqu’il pleut en abondance, ou lorsque le vent glacial est fort et pénètre la polaire ainsi que le t-shirt technique. Si j’ajoute à cela une certaine fragilité de ces vestes dans les milieux abrasifs (sapinières, ronciers), et que l’effectivité de cette membrane réside dans son intégrité, plus le fait qu’elle est difficilement supportable lorsque le temps se fait clément, ou lorsque le soleil tape fort, j’en suis rapidement venu à la conclusion qu’il me fallait conserver le principe, au moins en partie, tout en essayant de l’adapter à mes nouvelles contraintes, quitte à le complexifier !, sans quoi je me retrouverais rapidement avec une multitude de vestes pour pallier les différences climatiques : hiver, automne, été, pluie, etc…
C’est ainsi que j’en suis venu à adopter des tissus moins techniques, donc, moins spécialisés, mais qui empilés les uns sur les autres rendaient finalement les mêmes services que les trois couches techniques définies plus haut, tout en atténuant les inconvénients, voire en les éliminant. L’objectif était donc pour moi de :
- Évacuer la transpiration
- Apporter une isolation afin de préserver la chaleur corporelle
- Se protéger des agressions extérieurs sans bloquer la transpiration, et sans effet d’étouffement
I.a – La protection du corps
- T-shirt Woolpower 200
Composé à 60% de laine, il apporte une isolation par temps froid sans devenir inconfortable lorsque le temps devient plus doux, et, avantage de la laine, il reste tout de même agréablement isolant lorsqu’il est humide. Il contient également dans sa composition du polyester et du polyamide qui apporte une résistance supplémentaire à son tissage en évitant qu’il ne se déforme par exemple, et 2% d’élastane pour épouser le corps. Son tricotage spécifique à la marque Ullfrotté (qui est la maison mère en Suède) permet d’évacuer efficacement la transpiration, comme n’importe quel t-shirt technique, tout en évitant au maximum les coutures inconfortables aux endroits indésirables : celles des épaules sont par exemple décalées pour ne pas irriter lors du portage.
J’ai choisi le modèle ras de cou car cela me permet de le porter l’essentielle de l’année, et surtout de ne pas accumuler les cols autour du cou ! Avec un zip qui a dû être forgé par Torr tant il est imposant, mais qui fort heureusement grâce à une bonne conception n’est jamais en contact avec la peau et permet de moduler la ventilation pendant les efforts.
- Caleçon long Woolpower 200
Pour les températures inférieures à -10°c, pour les mêmes raisons que le t-shirt associé.
Quelque soit votre choix à ce niveau, il est d’autres marques et d’autres possibilités. Mais n’opter pas pour du coton pour ce premier élément qui, hydrophile, absorberait la sueur pour la conserver près du corps : et le mot froid prendrait alors une nouvelle dimension pour vous, si vous en réchappez !
- Veste polaire 300 décathlon
Le choix du grammage 300 est à mon avis le plus polyvalent en hiver, et le zip intégral permet de la ventiler facilement lorsqu’elle est trop chaude. C’est une veste de bonne conception qui s’est améliorée au fil des années, relativement solide, et surtout, très peu cher, ce qui permet d’oublier quelques défauts vis à vis de polaires bien plus chères et qui n’apporteraient pas de gain décisif à l’usage… - Je dispose en cas de besoin d’un Gilet en polaire 200 issu d’une doublure de veste à membrane. Je n’ai pas encore eu l’occasion de la mettre cet hiver par des températures qui ne sont pas encore descendues en dessous de -13°C, pour le moment, mais c’est un apport thermique appréciable en dessous de -15°C environ, et qui prend relativement peu de place en fond de sac.
Vous vous demandez peut-être pourquoi je n’ai pas opté pour la laine ici au vu des qualités que je lui attribue plus haut ? C’est que la matière polaire (qui est du polyester tricoté puis gratté afin d’obtenir cet aspect duveteux), en combinaison avec la laine, permet lors de l’effort de repousser le point de condensation de la vapeur d’eau (donc d’une grande partie de la sueur) sur elle plutôt que sur la laine du t-shirt, ce qui permet encore de gagner en confort en éloignant l’humidité du corps. De plus, cette seconde couche peut suivant les conditions être utilisée comme couche externe, et en cas de pluie, peut-être essorée sans conséquence sur sa forme. La laine est possible ici, mais, avis personnel, moins pertinente.
Il est également important de noter ici que ces deux (ou trois) couches internes sont hydrophobes, et ne laisseront donc pas facilement passer l’eau sous sa forme liquide, hors déluge. N’utiliser que ces deux couches est donc tout à fait envisageable y compris en cas de pluies fines, si vous n’avez pas besoin de vous protéger du vent.
En lieu et place du Gilet en polaire, on pourrait aussi opter en guise de back-up pour un Gilet en duvet qui serait encore plus efficient dans ce rôle, mais, il faut le savoir, inutilisable à l’effort (sauf par très grand froid), et difficilement utilisable en couche externe, sauf par temps sec. Quelques limitations, donc, mais qui pour moi n’entache pas sa supériorité dans ce secteur précis du back-up car, une fois compressé, il prend encore moins de place qu’un gilet en polaire pour un apport thermique supérieur.
- Anorak Bergans Morgedal.
Une veste en Epic Coton, un coton très coupe vent et respirant dont la fibre encapsule du silicone qui le rend en plus résistant et déperlant. C’est un niveau de protection qui n’est pas suffisant contre la pluie prolongée forte, mais qui s’avère efficient en cas d’averses courtes, ou de bruines, même prolongées. Surtout, nous avons ici une veste qui par sa conception est tout à fait coupe vent sans nuire à la respirabilité, à un niveau du moins qu’aucune membrane ne peut égaler… et un certain degré d’hydrophobicité avec les couches internes en polaire et laine qui permet de voir venir avant d’être réellement mouillé par une averse.
La conception de cette veste est très étudiée, avec une capuche très technique, et permet d’affronter vraiment toutes les situations en adaptant les réglages que les différents cordons, tous munis d’un bloqueur, permettent.
Cependant, pour les cas où la pluie est vraiment forte, il est possible d’améliorer ce système en ajoutant sous la Morgedal une couche en Pertex. Une matière très coupe vent, silencieuse, assez peu déperlante, mais qui en combinaison avec la veste va rendre l’ensemble virtuellement waterproof. J’utilise pour ma part le Stowaway d’Arktis.
Si l’étanchéité est primordiale pour vous, vous pouvez également opter pour un Raincut de chez décathlon. C’est très économique, waterproof, mais vous perdrez la respirabilité de l’ensemble pour la ramener au niveau de celle d’une membrane. Ce peut-être un choix valable suivant le besoin, et au vu du prix faible, il est tout à fait envisageable de le customiser pour ne conserver que les surfaces utiles : tête, épaules, dos, et torse !
Vous pouvez aussi opter pour un Poncho, mais à l’extérieur cette fois, et qui aura le mérite de protéger en plus l’équipement (sac à dos). Son utilisation est toutefois délicate lorsqu’il y a du vent, mais pas impossible. Pour ma part, la protection acquise en combinaison avec le Stowaway est suffisante pour mes besoins actuels, mais le poncho est envisageable à plus ou moins brève échéance.
Si l’on résume, ce système améliore donc le système 3 couches en ajoutant seulement dans le pire des cas une couche supplémentaire : si les autres couches présentées ici deviennent nécessaires avec ce système, elles le seraient aussi avec un système incluant une veste à membrane ! Surtout, il permet une modularité du confort thermique, ou du niveau de protection, qui le rend efficace de l’hiver à l’été car la veste est utilisable toute l’année à la différence d’une veste à membrane, et on obtient ici un système parfaitement silencieux (autant qu’il est possible de l’être), ce qui en photographie animalière constitue un avantage de plus.
- Pantalon Bergans Venabu
L’idée était pour moi ici d’avoir un pantalon offrant beaucoup de poches si possible protégées par un zip, qui sèche rapidement et qui soit coupe vent. Le Venabu est en polycoton et répond à tous ces critères, mais, il n’est pas du tout étanche, uniquement déperlant avec un traitement idoine. Ce n’est ainsi pas un pantalon à proprement parler adapté à la saison hivernale, mais il constitue mon choix dans la mesure où il est silencieux, pratique, bien coupé, et très résistant. De plus, associé au caleçon long woolpower 200 lorsqu’il fait très froid, il permet de se tenir dans la neige dans un confort relatif acceptable.
Mieux est possible mais serait plus bruyant, et répondrait donc à un panel d’utilisations moindre. Il s’agit des pantalons dits hybrides, souvent en polyamide, et doublé d’une membrane aux endroits stratégiques : fesses, genoux, bas de pantalon. Citons également les pantalons disposant d’une membrane intégrale, qui, parfaitement étanches, sont à réserver à un usage statique tant ils deviennent insupportables à l’effort !
I.b – Quand on a froid aux pieds, on met un bonnet !
C’est un bon conseil car on néglige trop souvent les déperditions de chaleur par la tête. J’utilise pour ma part un système assez simple en diverses couches, tout comme le corps, et l’essentiel de mon équipement à ce niveau se fait avec des Buffs, des tubes de tissu qui permettent d’adapter le port aux besoins en terme d’isolation.
- Un modèle en coolmax chargé d’évacuer la transpiration.
- Un modèle en laine pour l’isolation.
- Un modèle orange fluo pour éviter qu’un chasseur ne me prenne pour un lapin !
- Un modèle classic, dans leur gamme, que je mets en tour de coup en cas de besoin.
Je ne les mets bien entendu pas tous en même temps, et l’idée est de moduler suivant le besoin : deux Buff offrant par exemple un effet coupe vent, et s’avèrent ainsi préférable à un seul Buff coupe vent d’origine, mais inutilisable si l’on ne souhaite pas qu’il le soit ! De la même manière, deux Buffs apportent un confort thermique à un seul bonnet en laine, ou polaire…
- À ceci j’ajoute lors des phases statiques une sorte de chapeau à bord large et souple totalement waterproof et qui permet en cas de pluie de ne pas avoir d’eau pour ruisseler dans le cou… dans le cas où je n’utiliserais pas la capuche de ma veste.
I.c – La protection des mains
Ici aussi j’utilise un système de couches dont le but est de préserver au maximum la dextérité pour favoriser les manipulations parfois complexes que le photographe est amené à effectuer : que ce soit dans la manipulation de l’appareil, ou lors d’un changement d’objectif.
Conserver les mains nues lorsque c’est possible va de soi. Cependant, dès que le froid se fait sentir, ou qu’il se met en plus à pleuvoir, neiger, je combine ces différentes solutions en essayant de favoriser toujours la dextérité maximale :
- Gants en cuir très fin hydrophobe
- Mitaines en laine (hydrophobes, restent isolantes même mouillées)
- Sous gants fins en laine (idem Mitaines)
- Gants de ski étanche : uniquement pendant l’attente car il est bien entendu impensable d’utiliser l’appareil ainsi !
Les mitaines en laine sont ma première solution, et permettent de repousser assez loin l’utilisation des autres.
En cas de vent, je n’ai rien trouvé de mieux que les gants en cuir très fin pour conserver un maximum de grip et de dextérité… c’est presque aussi facile avec que sans. C’est parfaitement coupe vent, et les miens sont traités hydrophobes : je les entretiens au savon glycériné (nourrissage, un seul pain durera une vie entière !) et à la cire d’abeille (pour l’hydrophobie).
Lorsque les températures chutent franchement, les sous gants fins en laine sont royaux, et me permettent de tenir jusqu’à -12°C en statique environ (associés bien entendu aux gants en cuir). Avec les mitaines en prime, c’est généralement suffisant, mais à l’affût, on peut préférer mettre de gros gants en ski (l’idéal étant des moufles qui offrent une meilleure protection thermique) et que l’on retire durant la phase photographique.
- J’ai laissé tombé pour ma part les gants en soie, qui sont agréables mais intenables lorsqu’ils sont mouillés ! Les gants en polaire, ou en polyester, peuvent tout à fait remplacer le choix de la laine. Ce n’est que par préférence personnelle pour les matières naturelles que je me suis orienté vers la laine, lorsque le polyester n’apporte aucun avantage (voir plus haut le cas de la polaire pour la protection thermique du corps préférée à la laine).
I.d – Et les pieds ?
Pas de surprise en perspective, ici aussi, un système de couches multiples règne en maître !
Partant du principe que deux paires de chaussettes de même grammage tiennent plus chaud qu’une seule paire d’un grammage double, je combine les chaussettes au gré des températures de la même manière que je jongle avec mes autres solutions exposées auparavant. mon système se compose ainsi :
- Chaussettes liner en laine Woolpower
- Chaussettes en laine décathlon
- Chaussettes en laine Woolpower 400
- Chaussures en cuir et intérieur cuir, mais pas de ronce de noyer : Meindl Engadin et Perfekt
La paire Liner est la base de mon système, sur lequel j’opte pour l’une ou l’autre des chaussettes en laine suivant les températures. Dans un cas extrême, jamais vécu, je pourrais mettre les deux ensembles (trois avec les liner !) en changeant la semelle interne de ma paire de chaussures (j’avais pensé le système comme ça initialement) !
- Le choix de chaussures en cuir (un modèle type brodequin cousu norvégien) peut surprendre ici dans un cadre hivernal, mais ce choix s’est fait afin d’utiliser la même paire de chaussure toute l’année (même si je dispose de deux modèles en cuir afin d’alterner et laisser le temps à la seconde paire de sécher le cas échéant), et parce que je ne supporte pas les chaussures à membrane : qui dans mon expérience finissent toujours pas laisser passer l’eau, tôt, ou tard !
La contrepartie de ce choix du cuir se situe dans la rigueur nécessaire à son entretien afin qu’il conserve toutes ses qualités. Pour moi, ce n’est pas un problème car j’aime cet aspect de l’entretien, et ce n’est pas si contraignant dans la mesure où les grands travaux ne reviennent que deux à trois fois dans l’année, le reste de l’entretien se résumant à un nettoyage/brossage après chaque sortie.
Les avantages sont en revanche nombreux parmi lesquels une résistance à l’usure incroyable (cuir d’une seule pièce très épais), une résistance à l’humidité extrêmement élevée et assez nettement supérieure à toutes les chaussures à membrane que j’ai pu avoir, une respirabilité supérieure (le cuir se comporte comme une climatisation) qui laisse le chaussant confortable même en été. Enfin, chacun pourra se faire sa propre opinion à l’usage, mais le fait de devoir gérer soi-même l’isolation en fonction de la température extérieure permet d’atteindre un confort thermique idéal assez facilement, quand l’isolation d’un modèle d’origine ne peut évidemment pas être enlevé s’il s’avère trop chaud !
II. Astuces affûts courts ou prolongés
Bien que les conseils ci-dessus ne soient pas universels, vous avez désormais quelques éléments de réflexion qui devrait vous rendre les sorties par temps très froid moins pénibles, surtout si la réussite photographique ne devait pas être au rendez-vous : « Au diable les engelures si vous avez réalisés l’image du siècle !! » (je plaisante… bien que je ne devrais pas, j’entends là simplement que la sensation de froid est aussi et surtout une question d’état d’esprit, et qu’il est plus facilement supportable si vous passez un moment magique en compagnie de la faune, que si vous passez une matinée ou une journée à attendre en vain. Ne parlons pas d’une accumulation de jours sans !)
Il est pourtant encore largement possible d’améliorer ce confort.
- S’isoler du sol
Un simple morceau de mousse que vous pourrez couper dans un vieux tapis de sol, ou dans une mousse isolante quelconque issue d’un magasin de bricolage ou autre, permettra de protéger agréablement vos arrières de la morsure du froid. Un petit carré de 20×30 est suffisant et modifie réellement le sentiment qui s’imprimera en vous au cours de votre pause/affût, et comme ça ne prend pas de place et que ça ne pèse rien, ce serait vraiment bête de s’en priver ! Un second pour mettre sous les pieds n’est pas forcément un luxe…
S’allonger au sol en hiver est en revanche une toute autre histoire. Un tapis de sol entier est bien plus encombrant que son homologue dédié à vos arrières, et les modèles autogonflants sont très (et trop) fragiles pour pouvoir être réellement envisagés, même si c’est possible. Il est rare que j’adopte une position allongée dans ces conditions, ou alors très provisoirement, et dans ce cas les vêtements choisis s’avèrent suffisants, y compris sur un sol humide. Mais un plaid en polaire, ou une couverture en laine, font tout à fait l’affaire bien que trop encombrants à transporter tous les jours. Ce sont donc des solutions à réserver pour des affûts spécifiques que vous saurez d’avance longs, et durant lesquels vous savez que vous ne pourrez pas bouger pendant un long moment. Mais pour des affûts aménagés, je pense qu’il faut absolument favoriser les sacs de couchage et un tapis de sol que l’on laisse éventuellement sur place le temps nécessaire.
- S’isoler du vent
Ce que vous pourrez faire si vous suivez mes quelques conseils en choix de vêtements, mais que vous pourrez encore améliorer sur le terrain en anticipant la position de votre affût par rapport au vent dominant. En plus de préserver votre présence à la faune (et éviter à celle-ci un dérangement), choisir le bon côté lorsque l’on poste près d’un arbre au tronc imposant peut changer la donne ! Pensez donc à utiliser le terrain à votre avantage plutôt que de lutter contre lui, et perdre ! - L’apport de chaleur
Une bouteille isotherme remplie d’un liquide chaud, et quelque chose à grignoter afin de récupérer les calories perdues permettront à n’en pas douter réchauffer le cœur comme le moral ! Évitez absolument l’alcool ;-), et les diurétiques, quoique je sois moi-même très adepte du thé agrémenté de miel, que j’appelle ma potion magique, et qui permet un apport en nutriments. Pour le grignotage, ne gouttant que peu les barres chocolatées (bruyantes à l’ouverture et qui laissent les doigts gras et souillent le matériel), j’opte généralement pour les amandes de fruits à coque( noix, noisettes, amandes, etc), et pour les fruits secs. Tous très caloriques, ils permettent là aussi une recharge efficace du corps en énergie et nutriments essentiels.
Vous pouvez également utiliser des chaufferettes réutilisables, mais je ne vous serez guère utile ici puisque je n’en utilise pas…
III. Comment protéger le matériel ?
Avec du bon sens, et un peu d’organisation !
- Les batteries
Elles souffrent énormément lorsque les températures chutent en dessous de zéro, il est bon d’essayer de préserver leur autonomie en les conservant dans une poche située près du corps lorsque c’est possible. - L’appareil et les objectifs…
… sont protégés toute l’année par des housses de protection faites dans un tissu waterproof, cela les protège des projections d’eau, de neige, et de tout ce qui pourrait les abîmer (branches, etc) lorsque je les transporte fixés au trépied sur mon épaule !
Mais ce n’est pas là que réside pour eux le plus grand danger. Les porteurs de lunettes, dont je suis, comprendront rapidement de quoi je veux parler et les températures négatives ne sont pas tant à craindre que les variations thermiques que le matériel subit lorsqu’il passe de l’extérieur à l’intérieur ouaté de votre habitation entraînant ainsi un risque de condensations qui peuvent être fatales à votre matériel si vous ne prenez pas garde de le ramener à la température ambiante de manière progressive. Même le matériel tropicalisé, jamais totalement étanche, est concerné, appareils (capteur, etc…) comme objectifs (intérieur comme extérieur).
Je procède pour ma part invariablement de la même manière depuis des années : tout matériel doit se trouver dans mon sac à dos, fermé, lorsque je rentre, et être stocké immédiatement dans une pièce non chauffée (mieux encore, une cave, lorsque c’est possible) pendant plusieurs heures avant d’ouvrir le sac.
J’utilise également en permanence dans le sac des petits sacs de silicagel afin de capter l’humidité : plusieurs précautions valant mieux qu’une, je pense que ce n’est pas inutile.
Voilà, j’en ai je crois terminé avec cet article. J’espère avoir été clair dans mes explications, et n’avoir rien oublié… le cas échéant, j’apporterai des correctifs.
Quelques soient les choix que vous ferez, n’oubliez quand même pas de prendre du plaisir : ce que devraient vous permettre ces quelques règles ; et pour conclure, je n’aurai que deux mots : Pensez système !
Les lecteurs ont la parole